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Voilà un petit roman délicieusement écrit, étrangement construit et peut-être finalement desservi par une trop grande focalisation sur la psychopathologie amoureuse de l’auteur.
Le roman s’ouvre sur les chapeaux de roues. Le petit Abdellah, marocain d’à peine 13 ans, se fait violer par quelques congénères à peine plus âgé que lui. L’écriture, extrêmement puissante, nerveuse et saccadée, entraîne le lecteur dans les affres d’une conscience heurtée autant qu’aimantée, le jeune garçon éprouvant dès cette époque un vif attrait pour les garçons. Après cette plongée trépidante dans les eaux troubles d’une certaine adolescence, l’auteur chausse ses bottes de sept lieues pour faire filer le temps. Nous voilà une quinzaine d’années plus tard. Abdellah, qui continue à se raconter à la première personne, narre ses errances amoureuses, sans que jamais ce passé tragique ne soit rappelé, ne serve de fil conducteur ou d’explication à ce malaise profond. Violentes attirances, jalousies, rejet, soumission, l’auteur esquisse à peine le contexte dans lequel ses amours se déroulent et se succèdent dans un chaos intérieur apocalyptique, jusqu’à cette rencontre avec Slimane, aussi divine que tragique.

Abdellah Taïa : Une mélancolie arabe, Points Seuil, 2008.

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