"Les Crevettes pailletées", une très réjouissante comédie !
Certains films peuvent surprendre favorablement. Une comédie « gay », ça fait plutôt peur. On s’attend à une avalanche de stéréotypes éculés et donc à ne pas rire du tout. Dès les premières minutes, les Crevettes font tomber toutes les réticences. L’intérêt du film ne réside d’ailleurs pas dans son intrigue, un champion de natation « homophobe » se voyant contraint par la Fédération, pour se racheter, d’entraîner une équipe de water polo gay en vue des « Gay-Games » (qui existent vraiment, Paris les ayant accueillis en 2018) qui se tiendront quelques semaines plus tard en Croatie. Comme on peut s’y attendre, la rencontre entre ces deux univers plutôt paradoxaux va opérer, le champion s’ouvrant à la folle amitié qui lie les amateurs homos aussi délurés que peu préparés à la compétition sportive, et dont la plupart font preuve d’une grande ouverture en acceptant ce coach aux propos accablants. Le spectateur se laisse rapidement gagner par le charme de cette équipe bigarrée et souvent traversée de tensions, mais soudés par une inébranlable amitié. La galerie de portraits permet de confronter le nounours gay marié et co-père de jumeaux qui ment à son compagnon pour pouvoir participer aux Gay-Games, le jeune timide qui découvre son homosexualité, le vieux gay au passé militant « héroïque » aigri et accablé de voir dans quel conformisme hétéronormé les gays d’aujourd’hui se fourvoient, le noir joyeux au cœur brisé, la transgenre toute en beauté et en joie, sans oublier l’âme de cette équipe foutraque, un gay rongé par un cancer, mais qui préfère mourir en participant à ces jeux gays que de passer les dernières semaines de sa vie loin de sa bande de potes qui constitue pour beaucoup l’unique famille.
Personnages attachants, scènes cocasses, le film est drôle, fantasque et même baroque. Le voyage de Paris à la Croatie en forme de road-moovie dans un car panoramique offre toute une série de situations qui donnent du rythme et de l’intensité au film. Derrière l’humour et la comédie, les deux réalisateurs dévoilent les différentes facettes de ces gays généreux et solidaires aussi bien que jaloux et pétris de préjugés eux-mêmes, ouverts sur la diversité mais éprouvant pour certains quelques difficulté à accueillir la membre transgenre, ou encore parfois volontiers misogynes.
Très belle comédie, un vrai régal !
G.