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Les homosexuels font souvent de la Grèce antique un paradis perdu pour les gay, une sorte d'âge d'or pendant lequel les amours entre garçons étaient tolérés sinon institués en règle commune. Rien n'est moins vrai selon nos normes actuelles, voulant que l'homosexualité soit conçu un rapport amoureux/sexuel entre partenaires majeurs consentants.

Le citoyen grec est d'abord un hétérosexuel, il a femmes et enfants. Mais dans cette société, dans les familles "libres", les femmes sont exclues de l'éducation des garçons. La formation de la jeunesse masculine fonctionne sur un système de parrainage entre un homme adulte d'une trentaine d'années, l'éraste, et un adolescent mâle à partir de 12 ans, l'éromène. La relation est très codifiée, et nul ne semble pouvoir échapper à ce système spécifique qui n'exclut pas un travail de séduction de la part de l'adulte pour "conquérir" l'adolescent. Si l'enseignement dispensé par l'adulte comprend divers volets, la sexualité n'en est pas absente. Mais là encore, ces ébats sont très codifiés : l'adulte joue toujours le rôle de l'actif, l'adolescent, celui de passif qui d'ailleurs, n'est pas censé éprouver de plaisir. Lorsque le jeune atteint ses 17 ans, la relation s'arrête, le jeune est devenu adulte, il va pouvoir se marier et devenir un citoyen, sinon un guerrier à part entière. 

Si l'homme adulte s’amourachait d'un autre adulte libre, l'un des deux serait perçu comme "passif" et donc totalement disqualifié par le regard social. La pédérastie grecque ne se conçoit donc que dans cette dynamique d'une pratique sexuelle actif/passif adulte/adolescent. En toute circonstance, c'est à dire également dans la relation hétérosexuelle, l'homme grec libre doit "porter la culotte". En conséquence, on a bien une pédérastie institutionnalisée, mais un net rejet de l'homosexualité entre adultes.

Les écrits de l'époque décrivent à foison les pratiques sociales et culturelles de la société grecque, nombre de vases mettant en image ces spécificités culturelles. L'éraste est généralement présenté barbu, alors que l'éromène arbore la peau glabre d'un imberbe. Et, contrairement à ce que l'on pourrait croire, la Rome antique n'a pas du tout repris à son compte le principe éducatif de la pédérastie grecque !

G.

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