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Beyrouth, une trentaine d’années après la fin de la guerre civile. Trentenaire, Samar s’interroge sur lui-même, sa vie enchâssée entre ses cauchemars, le souvenir de la guerre qui hante chaque parcelle de la mémoire collective, et ses ami.e.s tout aussi désorienté.e.s que lui. Samir est gay, mais pas simple de trouver une voie dans cette Beyrouth meurtrie, ville dans laquelle ont fleuri quelques centres alternatifs d’artistes autour desquels Samar, qui dessine lui-même, évolue.
Cette BD, aux ambiances graphiques variées et dont les couleurs pastel, douces et oniriques nous font hésiter à camper le récit entre réel, fantasme et imaginaire, s’intéresse bien sûr à la place des lgbt+ dans le Liban d’aujourd’hui, la tension la plus vive s’opérant autour de la transidentité. Danseuse trans arrêtée par la police, discussions pour savoir si cette trans n’a pas « provoqué » inconsidérément la morale, etc.
Dans cet opus, Joseph Kai évoque tout autant les errances d’une jeunesse confrontée à la corruption et à la désorganisation sociale, la difficulté de trouver un équilibre dans l’identité et la relation homosexuelles, qu’un pays enfermé dans une vision conservatrice des questions de genre.
La BD fait écho à l’attentat de janvier 2015 et se démarque nettement du « je suis Charlie ». Dommage que l’auteur ne fasse pas le lien entre les angoisses existentielles de Samar et le conservatisme politique ou religieux qui nourrit cette difficulté à vivre son homosexualité tout autant que le sentiment anti-Charlie.

G.

L'Intranquille, Joseph Kai, Casterman, 166 p., 20 euros.

#BD

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