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Felix est un lycéen new-yorkais tout aussi solaire que solitaire, préparant le concours pour entrer dans la prestigieuse université Brown où il désire suivre un cursus en art et design. Transgenre, il a effectué sa transition sociale ainsi qu’une partie de sa transition physique (mastectomie) Cependant, il continue de se poser des questions liées à son identité. S’il est convaincu de ne pas être une fille, qui est-il vraiment ? Cette question sur son identité de genre ne cesse de l’obséder. La société lui assigne les étiquettes de « trans, queer et noir » mais lui aimerait bien trouver ses propres définitions. Felix vit dans la banlieue new-yorkaise avec son père. Si ce dernier accepte la transition de son enfant, il rencontre encore quelques difficultés et emploie parfois le deadname de ce dernier. La mère de Felix a quitté le foyer pour refaire sa vie et semble avoir effacé son fils de celle-ci. Cette absence accroît son mal-être et le questionne sur sa « légitimité » à être aimé.

Plutôt que de profiter de son stage d’été au lycée Sainte Catherine pour peaufiner son book, le sésame pour être admis à Brown et obtenir une bourse, Felix enchaine les soirées avec son meilleur ami Ezra, entre joints et alcool. Ezra, le confident, le protecteur, la tendre épaule au sens propre comme au figuré sur laquelle Felix sait savoir se poser

Dans l’entourage de Felix, on croise aussi Austin, Leah, Marisol, Hazel, Tyler et Declan, ex petit ami d’Ezra, postulant lui aussi à Brown, une bande d’adolescents vivant leur premières amours et expériences sexuelles. Les couples se font et se défont au gré des attirances, sauf pour Felix qui n’a jamais ressenti ces émois-là. Sur ce point aussi, il se sent différent.

Un matin, il découvre en arrivant au lycée une exposition dont il est le sujet. Des photos volées sur son Instagram alors qu’il était encore « fille ». Ce viol de sa vie privée va entrainer chez lui un désir de vengeance : il en est sûr, c’est Declan l’auteur de cet horrible outing. Sous une fausse identité, « Chance », il va entrer en contact avec lui via les réseaux sociaux afin de s’attirer sa sympathie et lui soutirer des informations. Mais il est très vite mal à l’aise avec ce procédé, en particulier lorsqu’il découvre un Declan bien loin de l’image de sale type du lycée, innocent des faits dont il était soupçonné et qui ne le laisse pas insensible.

La supercherie découverte et quelques autres rebondissements (messages anonymes transphobes, attirances que nous ne dévoilerons pas pour les amateurs de romance) vont entrainer une prise de conscience de Felix : il doit découvrir qui il est. Sa prise de parole dans un centre LGBT sera salutaire : Demiboy, voilà son identité de genre.

Certes, on notera dans ce roman en Anglais de Kacen Callender des imperfections stylistiques, avec un style oral parfois prononcé et des passages inégaux (quelques passages « vides », surtout dans la première partie). Certes les atermoiements d’adolescents et les « drama » peuvent lasser. Mais n’oublions pas que ce roman est publié dans la catégorie « jeunes adultes » qui se reconnaitront certainement dans cet univers, d’autant plus qu’il adopte les codes des bluettes américaines : des personnages qui ignorent leur beauté, un triangle amoureux, une fin très hollywoodienne…Rien de bien transcendant me direz-vous…

Mais l’écriture est sensible, les personnages très attachants et l’histoire bouleversante.

Au-delà des questionnements circonstanciels propres à l’adolescence, différents thèmes sont abordés : la transphobie en général et celle exprimée par les féministes et certains gays en particulier, la quête d’identification à un genre, la séparation de l’œuvre et de son auteur, le rejet familial des enfants « queer », la sexualité des trans, l’intersectionnalité, l’affirmation de soi…

On appréciera également la première de couverture, illustrée par Alex cabal.

S..

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