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C’est au détour d’une phrase prononcée par un militant afro-américain lgbt+ dans un documentaire visionné il y a un an environ que j’ai découvert Bayard Rustin. Comme tout biopic, a fortiori produit par Barack et Michelle Obama, il s’agit d’abord de raconter une histoire saupoudrée de drames, de moments de grâce, d’émotions et un peu d’intelligence.

Pari réussi !

Bayard Rustin est un militant afro-américain des droits civiques, actif des années 1940 aux années 1970, bras droit de Martin Luther King dans les années 1960. Le film se concentre sur quelques épisodes de sa vie, avec comme apogée la grande Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté du 28 août 1963. Si le film évoque la question des Droits civiques, de la ségrégation et du racisme aux États-Unis, il insiste surtout sur une thématique qui traverse la vie de Rustin : l’homophobie.

Homosexuel dans un pays qui réprime (amendes, prison) les relations entre hommes, Rustin a été arrêté à 23 reprises en tant que militant des Droits civiques et gay. Il a été non seulement la cible de la répression policière, mais également de campagnes politiques orchestrées par ses adversaires (pour certains au sein même du mouvement des Droits civiques) dans le but de le déstabiliser en insistant sur son passage au Parti Communiste pendant sa jeunesse et évidemment sur sa « perversion » homosexuelle. La vie de Rustin, telle qu’incarnée dans ce film, témoigne de la difficulté pour les gays américains et afro-américains a fortiori, de vivre une vie « normale », la pression sociale demeurant alors le principal obstacle. Bayard Rustin sera contraint de démissionner, et sera largement invisibilisé dans le mouvement. La question de l'homophobie est traitée au travers d’un autre personnage, un pasteur également engagé dans la lutte pour les Droits civiques, marié, écartelé entre son homosexualité et les normes sociales.

Bayard Rustin tient tête, assume, promet d’être prudent mais ne se renie pas. Il trouve sur son chemin nombre d’aillé.es, autant que d’homophobes. Organisateur hors pair, Rustin parvient à mettre sur pieds en quelques semaines la grande manifestation qui réunira 250 000 personnes à Washington en 1963, un événement qui fait date dans l’histoire de la société américaine.

Michelle Obama oblige (c'est une supposition), le film ne manque pas de souligner combien le mouvement des Droits civiques, qui dénonçait les discriminations subies par les afro-américains, a fait preuve d’un sexisme systémique dans sa direction.

Un film réussi, à voir sur Netflix. De quoi donner envie d’en savoir un peu plus, et d’explorer la vie de ce militant parti en Inde et en Afrique dans sa jeunesse pour apprendre des luttes anticoloniales et non violentes et qui s’est, sur le tard, mobilisé pour les droits personnes lgbt+.

G.

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