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Après avoir réalisé une exposition en janvier 2024 intitulée « La France et l’Allemagne queer », il nous a semblé intéressant,  dans le cadre de la Journée Franco-Allemande du 22 janvier 2025, de proposer un focus sur un aspect de ce lien particulier entre nos deux pays, au travers du prisme des enjeux lgbtqia+. C'est  tout naturellement Magnus Hirschfeld que nous avons choisi pour symboliser ce trait d’union entre la France et l’Allemagne, ce médecin homosexuel ayant milité une grande partie de sa vie à Berlin, pour terminer son existence en exil en France.
L’exposition explore les grands aspects de son itinéraire et de ses engagements comme précurseur des droits lgbtqia+. Hirschfeld fonde en 1897 le Comité scientifique et humanitaire, la première association au monde à avoir défendu les droits homosexuels. En dénonçant le trop fameux paragraphe 175 du Code pénal allemand qui condamnait les relations sexuelles entre hommes, Magnus Hirschfeld a marqué l’histoire, donnant naissance au principe de l’engagement collectif contre les discriminations homophobes, un engagement que nous poursuivons aujourd’hui.
Militant infatigable, Hirschfeld était aussi médecin et il a, à ce titre, contribué au développement de la sexologique comme science. Multipliant les observations, il a réuni une très grande documentation pour l’Institut de sexologie qu’il fonde à Berlin en 1919, et qui va devenir le centre d’un intérêt international de premier plan. Cet Institut propose des consultations médicales, des conférences, un lieu d’étude pour la recherche et des laboratoires.
Hirschfeld défend bien sûr les hommes homosexuels contre la réprobation, le chantage et la répression qu’ils subissent. Il tente de convaincre que l’homosexualité est innée, qu’elle n’est pas un choix et qu’elle est donc un produit de la nature. Il théorise également la variabilité de ce que nous désignons aujourd’hui par les termes d’orientation sexuelle, de corps sexués et d’identités de genre. Une variabilité qui réfute l’hétéronormativité et la binarité hégémoniques. Il défendra toute sa vie les personnes transgenres, leur proposant des traitement hormonaux et également des opérations d’affirmation de genre.
Homosexuel et juif, Hirschfeld est dès le début des années 1920 la cible de l’hostilité grandissante de la droite nationaliste et des nazis. Et c’est en mai 1933, alors qu’Hirschfeld ne vit plus en Allemagne pour échapper à cette pression grandissante, que son Institut de sexologie est saccagé par des membres des jeunesses hitlériennes, une partie de sa documentation étant brûlée lors d’un autodafé à Berlin même.
Au tout début des années 1930, Hirschfeld s’embarque pour un véritable tour du monde qui le mène aux États Unis, puis au Japon, en Chine, au Tonkin, au Cambodge, en Inde, aux Philippines, en Palestine et enfin en Égypte. Il s’y intéresse aux mœurs, aux relations matrimoniales, à la parentalité et à la sexualité des peuples, dans un esprit d’ouverture et de bienveillance. Le médecin est alors au faîte d’une célébrité mondiale et se montre critique vis à vis des pouvoirs coloniaux. Il soutient les mouvements incarnés par Gandhi en Inde et Sun Yat-Sen en Chine.
Hirschfeld était un progressiste, lié à la Social-Démocratie allemande, mais il restait marqué par un certain conservatisme social et moral, notamment à l’égard des femmes.
Pour prolonger l’exposition, nous proposons un recueil que nous avons publié, permettant d’approfondir la vie et les engagements de Magnus Hirschfeld. Le recueil évoque l’itinéraire du sexologue, le regard de certains de ses contemporains sur son travail, la manière dont la presse en France traite commente ses interventions publiques et son travail scientifique ; un article s’intéresse également aux caricatures qui l’ont ciblé, sans oublier son Tour du monde d’un sexologue, et enfin, nous avons également demandé à la maison d’édition GayKitschCamp d’évoquer son travail de republication d’un livre phare d’Hirschfeld, Les Homosexuels de Berlin.
N’hésitez-pas à nous contacter pour commander le recueil ou réserver l’exposition, cette dernière étant proposée gratuitement grâce au soutien du Fonds Citoyen Franco-Allemand.
 

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