Carol, l'amérique sombre des années 1950
Carol est l'adaptation au cinéma du roman de Patricia Highsmith The Price of Salt publié sous pseudonyme en 1952. Il faut dire que dans l'Amérique d'alors, traquant brutalement les communistes (Maccarthysme), l'homosexualité était perçue comme une maladie mentale à soigner, un comportement contraire à la morale. Ce film explore la rencontre entre une bourgeoise en instance de divorce et une jeune femme travaillant comme vendeuse dans un grand magasin, mais éprise de photographie. Pour Carol, rien n'est plus compliqué que de se laisser aller à son attirance pour les femmes. Car son mari veille et va utiliser leur enfant comme moyen de pression, jusqu'à lancer une procédure pour obtenir sa garde exclusive. Et dans cette guerre contre une femme "déviante", tous les moyens seront bons !
Malgré ce contexte terrible, la rencontre entre les deux femmes, toute en douceur, met en scène deux personnages assez différents : d'un côté Carol, qui se dissimule derrière son comportement maniéré, son maquillage, ses habitudes de grande bourgeoise et de l'autre la jeune vendeuse plus naturelle, plus volontaire également, sans attaches ou presque.
Filmé en 16 millimètres, le grain des images et la mise en scène renvoient régulièrement à l'Amérique des peintures de Hooper. Le film, relativement lent dans l'évolution du récit, dénonce le conformisme et l'hétérocentrisme d'une société dominée par les conventions et donc très rétrograde, peu ouverte à la différence. On notera que si le réalisateur campe ici ou là d'autres figures de lesbiennes, le film s'intéresse uniquement à la question au travers de ce couple de femmes "blanches".