Eté 85, de François Ozon
Pour réaliser ce film, François Ozon s’est inspiré du roman de l’Anglais Aidan Chambers publié en 1982 sous le titre Dance on my grave (Danse sur ma tombe), bien plus signifiant qu’Eté 85. Dans le roman (traduit en français), l’intrigue se déroule en Angleterre, sur les bords de la Tamise. Le jeune Henry, 15 ans, est sauvé du naufrage lors d’une sortie en dériveur par Barry, de trois ans plus âgé, responsable avec sa mère d’un magasin de disques depuis la mort de son père. Dans le roman, c’est Henry qui écrit, qui raconte son histoire dramatique. Car dès le début, Ozon reprend également cette accroche : le lecteur sait que Barry est mort quelques semaines après leur rencontre, et que lui-même, Henry, est accusé par la justice d’avoir profané sa tombe.
Intrigue détonante !
Ozon reprend globalement les grands traits du roman, certains de ses dialogues, même s’il en modifie certains détails, et transpose l’histoire de l’Angleterre à la France, ce qui affadit quelque peu l’ensemble. Il dépeint néanmoins avec beaucoup de tendresse cette relation amoureuse entre les deux garçons, dans un environnement qui n’oppose que peu de difficulté à leur histoire, même si, par petites touches, le romancier et Ozon après lui évoquent l’homophobie latente. Dans le cadre familial ou encore en société.
Comme dans le livre, l’histoire filmée de ces deux garçons aux personnalités originales sinon divergentes est véritablement poignante. Je conseille néanmoins aux amateurs de cinéma de privilégier la lecture du roman. Aidan Chambers se montre en effet très inventif dans sa construction du récit, dans l’usage de la langue, cherchant à reproduire certains des aspects des plus foutraques du fonctionnement d’un cerveau et d’une sensualité adolescente. Le récit alterne entre rapport des services sociaux, quelques croquis, et la relation détaillée qu’Henry fait des événements pour tenter, selon les conseils de son prof de lettres, de s’expliquer, de dire sa vérité. Une langue truffée de néologismes, d’images permettant de faire le lien entre enfance et adolescence, et truffées d’interrogations sur la vie et les relations humaines. Une richesse que le film ne fait qu’effleurer.
G.