FRANKY : l’identité de genre à la croisée des chemins
Franky et Ballag sont deux amis très proches, tout deux dans le même club de natation et dans la même classe au lycée, Ballag étant en couple avec une lycéenne, Franky cherchant de son côté à s’expérimenter dans une première relation amoureuse également hétérosexuelle. Un soir, alors que les deux copains sont de sorties, les voilà pris à partis par une bande d’abrutis qui les agressent pour leur supposée homosexualité, agression dont ils se sortent plutôt bien. Par la suite, après avoir trop bu, les deux compères se retrouvent dans le lit de Frankie…
C’est le début de la chute pour le jeune homme, Ballag ayant expliqué à son amoureuse que son copain lui avait fait des avances. L’info fait le tour du lycée, Frankie est étiqueté « gay », et en conséquence stigmatisé. Mais on découvre peu à peu que Ballag est l’auteur des avances. L’ami de Franky se montre de plus en plus agressif et même physiquement violent.
L’intérêt de ce film réside dans les multiples trajectoires qui gravitent autour de Franky, et qui toutes posent de manière aigue et touchante la question du genre, des préférences amoureuses et de la liberté. Homophobie latente au club de natation malgré la bienveillance de la direction ; une amie de Franky se sent « garçon » et se promène avec une prothèse de pénis sous le pantalon ; une autre a été violée et subit le rejet de la communauté ; Ballas le refoulé ne supporte pas sa propre attirance pour Frankie, lui-même indéniablement attiré par Ballas, mais pas que… Et Franky, qui vit avec sa mère et sa sœur, tout en tenant son père à distance. On découvre au fil du récit que ce père, détesté, vit avec un autre homme…
Dans ce Canada des classes moyennes, le modèle hétéropatriarcal subit de belles attaques mais reste finalement le curseur de référence dont il est bien difficile de s’émanciper.
Un film plein d’humour, d'émotions et de gravité. Très beau !
G.