Harvey Milk, un film de Gus Van Sant
Harvey Milk est un militant homosexuel américain. Resté dans l'ombre pendant les quarante premières années de sa vie, il décide de sortir du placard en s'installant dans le fameux quartier Castro de Los Angeles, dans lequel se retrouvent de nombreux gay au début des années 1970. Il y ouvre avec son compagnon un magasin de matériel photo, qui devient rapidement le centre d'une petite communauté militante gay, centre également d'un syndicat des commerçants homos. Face aux lois anti-homosexuel.le.s, face aux agressions récurrentes et parfois très violentes contre des gays, Milk décide de se présenter à différents mandats locaux et notamment celui de conseiller municipal de Los Angeles. De campagne électorale en campagne électorale, et après une succession d'échecs mais un nombre toujours plus grand de vote en sa faveur, Milk remporte finalement une élection et devient le premier militant gay a être élu sur un programme de défense des homosexuel.le.s.
En combinant du matériel d'archive et des scènes réalisées avec notamment l'acteur Sean Penn dans le rôle de Milk, Gus Van Sant restitue le bouillonnement du quartier Castro du Los Angeles des années 1970. Un quartier dans lequel la communauté gay ne cesse de s'affirmer, bien que la peur soit omniprésente, face à une droite politique et religieuse de plus en plus hostile et une police qui ne l'est pas moins. Harvey Milk se sentant menacé avait enregistré un certain nombre de cassettes dans lesquelles il racontait son histoire, à divulguer en cas d'assassinat. Ces scènes d'enregistrement de Sean Penn / Harvey Milk rythment judicieusement le film et donnent à voir une histoire très subjective de cette aventure militante poignante et passionnante.
Si le film permet de confronter les arguments des homophobes et des gays autour de la "proposition n°6" qui visait alors à exclure de l'enseignement tout professeur homosexuel, il montre aussi les divisions au sein même de la communauté gay entre une fraction d'homosexuels plutôt "parvenus" et installés, donc assez peu remuant, et une jeunesse moins à l'aise financièrement (certains se prostituant à l'occasion) mais nettement plus engagée. Il montre aussi la quasi absence de lesbiennes ou d'ailleurs de noirs dans l'entourage de Milk.
Un film passionnant qui évoque la trajectoire de militants radicaux qui visaient avant tout à obtenir leur intégration dans la société américaine.