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Après s’être exprimé quasi exclusivement par le biais de la littérature, le « mouvement » homosexuel connaît un renouveau dans les années 1950-60 avec notamment la revue Arcadie et son fondateur André Baudry. Ce courant ne défend alors par « l’homosexualité », mais « l’homophilie », moins centrée sur le désir et donc plus acceptable. Arcadie, animée par des homosexuels plutôt conservateurs issus des classes moyennes, prône une intégration des homosexuels dans la société plutôt qu'une critique de l'ordre social.
La tornade Mai 68 change radicalement la donne, notamment sur le terrain des revendications sexuelles et finalement de genre. Si l’État, la police, la justice, le capitalisme, et la religion font l’objet de sévères critiques, la jeunesse se reconnaît alors dans un programme de libération sexuelle, fustigeant les carcans moraux et institutionnels, comme celui du mariage.
Si les hétérosexuels sont en pointe dans cette dynamique, homosexuels et lesbiennes ne sont pas en reste. Après quelques tentatives timides, le FHRA, Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, voit le jour en 1971 à Paris. Animé d’abord par des lesbiennes, et rapidement investi par des homosexuels, le groupe se réunit à l’école des Beaux-Arts, un des lieux de la subversion étudiante en mai 68. Aux antipodes d’Arcadie, le FHAR voit dans l’homosexualité (et le lesbianisme au départ), un moteur de la révolution. En effet, face à cette société capitaliste patriarcale dominée par l’institution oppressive du mariage hétérosexuel, l’homosexualité porte le ferment d’une déstabilisation profonde de l’ordre social. Des membres du FHAR disent clairement vouloir « détruire la société ». Au-delà des forces « bourgeoises », ils doivent aussi affronter l’indifférence ou les réticences du Parti Socialiste, sans parler de l’homophobie non dissimulée du Parti Communiste français.
Le FHAR, très parisien mais qui rencontre un vrai écho en province, fait face à de nombreuses difficultés : manque de structure, sexisme et donc relégation des lesbiennes, présence de plus en plus nombreuses d’homosexuels plus attirés par la « drague » que par les débats et l’action révolutionnaire.
Ce mouvement, explosif, joyeux et libertaire, ne survit pas au-delà de quelques années. Il constitue une parenthèse dans les revendications d’intégration des homosexuels et de reconnaissance de leur spécificité qui ont dominé dans les années qui précèdent la naissance du FHAR, et qui domineront par la suite.
Aujourd’hui, dans les Pride en France, on repère ça et là des groupes revendicatifs LGBT+ pour certains d’extrême gauche, et donc héritiers du FHAR, se réclamant notamment des anarchistes, du NPA ou même de certains syndicats.
G.

A lire un article universitaire sur le FAHR qui évoque plus l’histoire et la vie de l’organisation que ses idées théoriques :

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