The Danish girl
Voilà un film très émouvant qui évoque la difficile transition d’un peintre dans les années 1930, qui devient la première femme transgenre de l’histoire, chirurgie à la clé. Nous sommes dans l’entre-deux-guerres au Danemark, au sein d’un couple d’artistes trentenaires à qui tout réussit ou presque. Soudés par une puissante passion amoureuse, le peintre Einer et sa femme Gerda moins reconnue que lui mais également artiste, doivent néanmoins affronter une crise sans précédent : Einer n’est pas seulement Einer, il est aussi Lili, cette partie de lui mise en veilleuse depuis l’adolescence, mais qui crie à sa conscience qu’il est en fait une femme. Einer se glisse dans des vêtements féminins et devient alors Lili, deux personnes très distinctes dans sa tête et dans sa vie. Gerda, très amoureuse, déstabilisée, va accompagner Einer/Lili dans sa quête d’identité de genre. Une quête semée de pièges, dans une société rétive à toute idée de décloisonnement entre le sexe et le genre.
Pour la médecine de l’époque, nul doute qu’Einer est malade, sinon totalement fou, certainement schizophrène. Avec une ultime réponse : l’enfermement à l’asile.
Appartenant à la bourgeoisie, Einer n’est pas sans moyens et finit par croiser un chirurgien plus compréhensif que le reste de la profession. Un chirurgien allemand qui propose d’opérer Einer pour donner une vie définitive à Lili. Opération complexe, risquée, de l’ablation des organes géniaux à la construction d’un vagin et même la greffe d’ovaires. Car Lili veut enfanter.
Inspiré d’une histoire vraie, le film a tout d’un conte de fée, même s’il s’achève sur une fin tragique. Incarné.e par un acteur éblouissant, Einer/Lili peut réaliser son rêve de réattribution sexuelle, grâce à la compréhension de son réseau de sociabilité proche et ses moyens financiers. Dans une famille ouvrière à l’époque, impossible d’imaginer une telle transition.
Le film s’inspire donc de la vie de Lili Elbe (anciennement Einar Wegener), dont l’autobiographie Man into Woman sera publiée en 1933, soit deux ans après sa mort.
Un siècle plus tard (ou quasi), le rejet de la transidentité reste hélas une terrible réalité.
G.