PD, un chouette court métrage de Ollivier Lallart
Pitch du réalisateur : "Thomas, un lycéen de dix-sept ans, se découvre une attirance pour Esteban, un autre garçon de son lycée. La rumeur de l’homosexualité de Thomas va vite se répandre, et il va commencer à subir le regard des autres".
Un regard principalement hostile évidemment. Voilà un thème classique du cinéma gay, qui rappelle d'ailleurs le film "Love, Simon". Milieu lycéen, difficulté à accepter son homosexualité, ostracisme envers les gays, replis sur soi, rumeurs, brouille avec les copains. Le court-métrage présente trois originalités : d'abord, le personnage d'Esteban, beau gosse qui s'affiche comme hétéro, et qui vit son attirance pour Thomas comme un violent conflit intérieur. Brutal, il se montre ambigu et provocateur face à Thomas, l'embrassant sans ménagement pour lui prouver qu'il est un "sale PD", alors que lui, Esteban, ne le serait pas. Il faudra à Esteban du temps et un sursaut (une forme de révolte) de Thomas, pour qu'il parvienne à faire le pas, à accepter son attirance pour un garçon, avant même de pouvoir affronter le regard des autres. Deuxième séquence intéressante, une tirade d'un enseignant d'histoire devant sa classe, face à l'usage récurrent de l'insulte "PD". Le prof propose un retour vers le passé, évoquant une grande liberté sexuelle pendant l'antiquité grecque et romaine, et donc l’omniprésence de l'homosexualité. Dans cette tirade, le spectateur (a priori des lycéens) non seulement trouve une justification historique à l'homosexualité, mais également une explication de l'homophobie qui s'installe par la suite : la religion, la morale "bourgeoise" autour du noyau familial, etc. C'est l'héritage culturel qui explique l'homophobie d’aujourd’hui. La tirade se veut bien sûr didactique, mais son côté professoral et donc institutionnel est-il totalement convainquant pour des élèves qui n'ont pas une image très positive de l'institution scolaire ? Comme dans "Baisers cachés", le prof révèle son homosexualité aux élèves, aidant indéniablement à rendre la chose plus acceptable. Enfin, dernier aspect qui m'a semblé intéressant : le jeune Thomas interroge un couple gay croisé dans un bar. Comment font-il ? Comment résister au regard des autres, à cette hostilité collective de tous les instants ? Le couple avoue que, même après avoir quitté le lycée et donc le regard de toute une cour de récréation, il n'est pas simple d'afficher son homosexualité. Deux choix possibles : rester clandestin, ou au contraire assumer, tenir le regard de ceux qui sont hostiles. Un conseil que va tenter de mettre en pratique Thomas. Comme dans "Love, Simon", le réalisateur s'intéresse à un milieu social plutôt favorisé, ce qui constitue sans doute une facilité et évite d'évoquer certains types de tensions. Mais le film reste excellent ! Espérons qu'il circule largement dans les établissements scolaires (et pas que).
G.