CARESSER LE VELOUR, de Sarah Waters (1998)
Angleterre, époque victorienne.
Nancy est une jeune écaillère de Whitsable, sur la côte du Kent. Elle vit et travaille dans le restaurant familial qu’elle enchante de son joli brin de voix. Son destin bascule dans un music-hall de Canterbury, le soir où elle croise Kitty, une artiste travestie en homme. Immédiatement sous le charme, elle retournera chaque soir jusqu’à ce que cette dernière la remarque. Appelée à chanter à Londres, Kitty demande à Nancy de l’accompagner en qualité d’habilleuse. Dans le West-end bohème, elles partageront la même chambre et les plaisirs d’alcôve. Bientôt ce sera la scène qu’elles partageront, « Nan » également habillée en homme. Mais alors que Nancy assume cet amour saphique, Kitty éprouve le besoin de cacher cette relation condamnée par la morale.
Nan est anéantie le jour où elle surprend son amie avec Walter, leur impresario. Trahie, elle s’enfuit et sombre dans une profonde dépression. Sans moyen de subsistance, elle se prostitue auprès de clients homosexuels, travestie en homme. Diana, une riche lesbienne la prend alors à son service et l’initie aux plaisirs sadomasochistes. Supportant de plus en plus mal les humiliations infligées par Diana, elle commence une relation avec Zena, elle aussi au service de cette dernière. La relation découverte, Diana les chasse.
Recueillie par Raph et sa sœur Florence, après que Zena se sera enfuie avec l’argent, Nan se reconstruira pas à pas, dans la tendresse de Florence.
Il est comme cela des livres dont les pages effleurent comme une caresse, des mots qui accompagnent les regards fatigués de la nuit faisant naitre des désirs impudiques du bout des doigts.
Roman d’apprentissage « queer », roman d’initiation aux plaisirs saphiques, roman d’une époque aussi, Sarah Waters livre ici un récit fluide et attachant, à la fois sombre et lumineux.
La langue est merveilleuse, métaphorique souvent, crue aussi, poétique toujours.
On chemine avec Nancy, dans l’exploration de sa sexualité, de sa rencontre avec qui elle est, de la découverte de ses plaisirs et ses désirs.
L’écriture, poudrée et parfumée, est cependant résolument moderne. L’autrice se joue des codes d’une époque, entre soumission et émancipation.
Un vrai coup de cœur.
S..