Publié par

Le grand Jacques chantait le vent du Nord et les cœurs à marée basse…Ce décor de dunes et de hautes herbes, de plage et de mer du Nord est un théâtre pour le rêveur Pim « Pimmie ». Et de décor il a besoin, alors qu’il vit seul avec sa mère, une ancienne reine de beauté reconvertie chanteuse et accordéoniste dans les bars, et qui réserve son affection aux nombreux amants de passage et au cocktail Martini/tabac. Pim, dès l’enfance, se réfugie dans un monde silencieux et onirique qu’il se construit. Dans sa banlieue triste aux maisons de briques identiques alignées comme à la parade, il éclaire sa vie de petits bonheurs simples, de travestissements, et d’objets fétiches qu’il garde comme trésor dans une boite à chaussures. Il se réfugie aussi souvent chez ses voisins, une famille également monoparentale : une mère malade, une fille de l’âge de Pim et Gino, le fils, un peu plus âgé…Pim, l’adolescent blond et taiseux au visage poupon s’éprend de Gino, le brun un peu canaille au look emprunté aux « Sharks » de West Side Story. L’attirance est réciproque. Ils découvriront ensemble leur sexualité. C’est leur secret, leur vie cachée sur le chemin des dunes. Un secret difficilement compatible avec le besoin qu’a Gino de prouver au monde qu’il est un séducteur. Il part donc s’installer avec une jeune française, rencontrée près de la frontière. La blessure est profonde pour Pim. Son quotidien s’éclaire à nouveau avec la venue de Zoltan, un gitan que sa mère héberge. Il se sent à nouveau attiré mais sa déception est grande lorsqu’il le découvre dans les bras de sa mère. Cette dernière, lasse des amants de passage, partira vivre ses propres rêves, laissant Pim seul face à ses désillusions. La fin, que nous éviterons de dévoiler, est un happy-end libératoire.

Les films sur les premiers émois adolescents opèrent souvent du même scénario, les films LGBT ne font pas exception. Cependant, c’est sur un chemin différent, au milieu des dunes, que nous entraine le réalisateur et scénariste du film, Bavo Defurne. Certes, le film est curieux et déroutera : les dialogues sont en flamand, rares et souvent d’une affligeante banalité, Il y a des lenteurs et des longueurs, une épure parfois poussée à l’extrême. Mais tout ceci participe à la poésie poudrée comme le ciel du Nord et au charme doux-amer du film. Comment ne pas être ému.e. par les deux magnifiques scènes d’amour, délicatesses suspendues au balancement de hautes herbes. Comment ne pas être touché.e par Pim, formidablement interprété par Ben Van Den Heuvel. La découverte et l’exploration de l’homosexualité par ce dernier sont vécues naturellement, sans honte, sans peur. Le film explore aussi d’autres thèmes comme la monoparentalité, la démission parentale, les rêves qu’on laisse sur le bord du chemin, mais aussi l’identité de genre et la déception amoureuse. Un joli moment de cinéma.

S..

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article