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Le premier opus des « Crevettes pailletées » raconte l’histoire d’un groupe de water polo amateur qui a la particularité de réunir des gays globalement malmenés par la vie, touchants par leur sincérité et la chaleur des amitiés qui soudent le groupe. Un entraîneur de haut niveau qui a tenu des propos homophobes se voit confiner la tâche – une punition dans le but de s’amender – d’entraîner l’équipe pour les prochains « Gay Games », des jeux sportifs fondés en 1982 et à l’origine réservés aux équipes LGBT+, l’édition française ayant eu lieu en 2018. Le film, sorti en 2019, évoque la question de l’homophobie à travers la rencontre entre cet entraîneur et un groupe assez bancal, moteur d’une comédie centrée sur les spécificités de chaque personnage.
La « Revanche » des crevettes se montre nettement plus ambitieux en terme d’action et aussi de discours. Le film se veut résolument plus politique et même pédagogique, abordant des aspects assez divers des difficultés que peuvent rencontrer les LGBT+ dans la société, mais également des conséquences de la reconnaissance institutionnelle de la communauté par le biais du mariage notamment. Le film fait autant écho à la question de l’engagement militant de certains gays que la volonté de certains autres de s’intégrer dans une parfaite banalisation et invisibilité. Au fil de dialogues débridés et parce que les personnages sont résolument très divers, le film pose également la question des définitions de genre, de l’inclusivité au sein d’un groupe gay. Enfin, le réalisateur introduit la problématique de l’homophobie dans les « banlieues » française par l’intégration conflictuelle d’un sportif d’origine maghrébine dans le groupe.
Reste le sujet central du film : l’homophobie en Russie. Car le voyage low cost en avion pour les prochain Gay Games à l’autre bout du monde impose à l’équipe une correspondance dans ce pays particulièrement dur à l’égard des LGBT+. Le groupe n’est pas sans connaître les risques encourus (notamment pour la trans de l’équipe régulièrement mégenrée par ses coéquipiers), mais l’appel de la liberté et l'envie de rencontres se fait plus fort. Les un.e.s et les autres ne peuvent s’empêcher de sortir et d’être confronté.e.s à l’homophobie ambiante, institutionnelle ou non. En résulte une incarcération dans un centre de rééducation dans lequel iels doivent suivre une thérapie de conversion.
Le propos n’est pas inintéressant, même si le film glisse de la comédie à l’action (évasion du centre) et manque parfois un peu de finesse, avec une confrontation néanmoins stimulante entre des idéologies opposées.
On peut éventuellement regretter ce choix de dénoncer la situation en Russie, alors que des thérapies de conversion et que les violences homophobes n’ont pas disparues en France.  Mais les ressorts comiques auraient peut-être été plus compliqués à trouver, la caricature du « popov » homophobe étant bien pratique en la matière.

Un film à voir !

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