MON FRÈRE, MA PRINCESSE, de Catherine Zambon
« Qu’est-ce qu’être une fille, qu’est-ce qu’être un garçon ? »
Voilà la réflexion menée par Catherine Zambon avec des écoliers et à l’origine de l’écriture de cette pièce de théâtre destinée au jeune public.
Lyan est un petit garçon de 5 ans qui désire être une princesse et préfère être appelé Nayla. Dans l’univers de Nayla, il y a des robes roses tellement belles et des paroles magiques qui embellissent le monde, un monde dans lequel il peine à trouver sa place tant la « nature s’est trompée » le concernant. Avec la candeur de son âge, il ne se reconnait pas dans le comportement des garçons de son école et cela le rend malheureux. Ce qu’il ressent, lui, c’est qu’il est une fille.
Son attitude inquiète sa maman, qui cherche désespérément à l’intéresser aux activités identifiées « masculines » comme le foot. Son père, démissionnaire, plus intéressé par l’écran de son ordinateur, relativise pour rassurer sa femme.
Et puis il y a Nina, sa sœur. Une petite bonne femme de 13 ans résolument féministe et idéaliste qui rêve d’un monde plus tolérant. Nina a changé depuis quelque temps, « elle est toute cassée » dira son amoureux Dilo. Nina semble en effet être la seule à remarquer le mal-être de son frère, elle doit faire face aux moqueries des enfants de sa classe, défendre son frère face aux humiliations, et le consoler. Elle endosse un rôle bien lourd à porter. Elle doit en particulier supporter les remarques de Ben, qui égrainent les propos sexistes et les préjugés sur la transidentité.
Elle fait face jusqu’à ce que la situation lui échappe. Elle décide alors de se cacher.
Cet événement sera le déclencheur d’une prise de conscience collective et d’une belle leçon d’humanité.
Tout en finesse et poésie, Catherine Zambon aborde la transidentité et les questionnements de genre … et les regards, ceux que l’on ferme et ceux qui jugent, ou ceux teintés par la magie d’un petit garçon rêveur qui voulait être une fille.
On a aimé la sobriété de la langue adaptée au jeune public, la justesse du propos... et le dénouement, même si quelque peu idyllique dans un « meilleur des mondes possibles », qui permet de prolonger la réflexion sur les stéréotypes de genre et le sexisme (la tirade de Nina sur le mythe du prince charmant est d’une délicieuse ironie).
Le texte, court (une soixantaine de pages), est conseillé aux lecteurs à partir de 9 ans. Il nous semble raisonnable d’attendre 11-12 ans pour une lecture en autonomie.
Mais on recommande !
S..