LES GENS NORMAUX, paroles lesbiennes, gay, bi et trans : ouvrage/BD collectif.ve

En 2013, la France ouvrait le mariage aux couples de même sexe, provoquant une marée bleu-blanc-rose d’opposants de divers horizons qui, outre des relents homophobes à peine voilés et de dangereux amalgames, avançaient la norme et le « contre-nature » comme argument commun à leurs revendications.
La norme est un terme qui fait son apparition au milieu du 18e siècle.  L’associer à la nature est un non-sens, puisque par « nature », cette dernière bouscule la norme et s’affranchit en permanence de toute immuabilité.
2013, c’est la date de parution de cet ouvrage collectif qui met en images dix témoignages de « gens normaux ». Le projet est à l’initiative de l’association BDBoum, qui contacte Hubert, coloriste et scénariste de BD, auteur entre autres du génial Peau d’homme que nous avons chroniqué sur ce blog.
Dix témoignes, dix parcours de vie recueillis au centre LGBT de Tours, mis en image par de grands noms de la bande dessinée : Pedrosa, Zanzim, Pedrosa, Spiry… Des portraits en traits. On pourrait trouver étrange d’enfermer ces histoires dans une vignette délimitée par un cadre. Cadrer, normaliser ? Non, prendre corps. Le trait varie et s’adapte aux différentes narrations qui abordent une partie des problématiques rencontrées par celleux qui s’écartent de la « norme statistico sociale » : transidentité, acceptation par le milieu familial ou professionnel, homophobie, sida, bissexualité, religion, doutes, questionnements, homoparentalité…
Cinq articles universitaires apportent des éclairages passionnants sur l’évolution des droits des LGBT.  Tamagne, Louis Georges Tin, Fassin… sont quelques-unes de ces plumes qui enrichissent les témoignages et interrogent le concept de normalité.
Le choix du noir et blanc peut sembler austère, il en déroutera certains. D’autres, comme moi, apprécieront ce choix. Il « banalise », sans que ce terme soit péjoratif, celleux qui se livrent, loin des personnages « hauts en couleur » habitués des médias. Celleux c’est nous, nos voisin.e.s, notre famille.
On appréciera l’absence de caricature ou misérabilisme.
On notera également la préface de Robert Badinter centrée sur la criminalisation de l’homosexualité dans le monde et les violences faites aux LGBT.
(L’annexe sur le statut légal de l’homosexualité dans le monde date de juillet 2013, certaines données ont évolué)
Seul bémol à cette enthousiasmante lecture, le choix de certaines tailles de police, trop petites
A découvrir !

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