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La lecture est toujours une expérience, et lire Tincelin en est indéniablement une.  Une plume qui vous embarque dans un tourbillon au fil des 150 pages, qui coupe le souffle et vous laisse parfois ko.
C’est dense, flamboyant, poétique, violent, ensorcelant.  Une danse en mots qui a libéré le corps.

194 semaines, 150 pages, le journal d’une transition.

Adel est une personne trans masculine Gender Fluid, assignée fille à la naissance. Iel raconte dans ce journal intime, son parcours, un long parcours fait de détours et d’oppressions.
L’oppression des adultes qui ont fait qu’iel a accepté l’assignation.
Les oppressions sexistes, s’étendant au domaine du plaisir
L’oppression de genre, qui renvoie à un système binaire dans lequel iel ne se reconnait pas.
Et puis, à 41 ans, le choc de la prise de conscience. Iel comprend qu’iel n’est pas une fille. Reste alors l’urgence de déconstruire, de déconditionner, pour se réinventer et à se rendre visible à soi-même.

Rien n’échappe à cette transition vers le « je » dont les contours seront dessinés au fil des transformations corporelles et des explorations sexuelles et sensuelles de ce nouveau corps et du corps de l’autre. La parentalité n’échappe pas à cette transition. Iel a donné naissance à Charlie 6 ans plus tôt : Qui est-iel : mère, père, paman…

Adel est un.e fée, un.e fée queer qui nous emmène aussi à la rencontre d’autres fées, les Radical Faeries, néo-paganistes en rupture avec le monde hétéronormé qui créent depuis les années 70 des « sanctuaires ». Folleterre, territoire sur lequel iel nous entraine, tourbillons de transes, de danses, de sexes, d’apprentissages, de rapports corporels à la terre.

Wilde fait dire à Dorian Gray : « définir c’est limiter […] les fils cassent, vous vous perdriez dans le labyrinthe ».  Au jeu des définitions, Iel s’est affranchi.e  des définitions pour enfin devenir un Je pluriel.

On recommande !

S..

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