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Le Kenya criminalise l’homosexualité et les LGBT+ doivent face aux persécutions policières et au jugement d’une société où la religion chrétienne dicte sa loi.  Ce long métrage de Wanuri Kahiu, interdit au Kenya pour « apologie du lesbianisme », a été présenté à Cannes en 2018 dans la sélection « un certain regard ».
A Nairobi, à notre époque, Kena, lycéenne androgyne, occupe son temps libre à aider son père dans sa boutique, à parcourir la ville sur son skateboard ou encore à jouer au foot avec les garçons du quartier. Ziki, elle aussi lycéenne, à la chevelure colorée, traine avec ses amies en singeant les vedettes de la pop. L’une rêve de devenir médecin, la seconde d’amour fleur bleue, mais comme dit Ferré, on n’est pas sérieux quand on a 17 ans.
Elles se rencontrent alors que leurs pères respectifs s’opposent dans une campagne électorale. C’est le coup de foudre et l’on assiste au rapprochement amoureux de ces deux jeunes femmes. Un amour interdit et condamné par la société, compliqué de plus par l’affrontement politique de leurs pères.
C’est Zena qui souffre le plus de cette situation et qui est tiraillée entre ses sentiments et les risques encourus.
La situation se complique alors qu’elles sont surprises ensemble, et lynchées par les habitant.e.s du quartier. Ziki va être envoyée en Angleterre, Zena poursuivra sa route et de brillantes études. Quelques années plus tard, leurs regards se croiseront à nouveau…

Rafiki signifie amoureux.se en swahili, terme agenre pour désigner l’être aimé. Voilà une romance adolescente touchante surtout par l’interprétation tout en retenue et sensibilité des deux héroïnes. L’histoire reste classique, même un peu trop « sage », mais le contexte l’est moins. Le carcan moralisateur de la société kenyane est particulièrement bien dépeint. La scène du passage à tabac est magistralement filmée, touche autant qu’elle horrifie.
On pourra regretter une exploitation assez pauvre des sentiments entre les deux jeunes femmes mais ce serait privilégier la forme sur le fond, qui lui bouleverse et secoue les consciences.
On avait beaucoup aimé  “I am Samuel”, documentaire lui aussi censuré car jugé blasphématoire par le Kenya. Ce film est très différent, mais on vous le recommande tout autant.

S..

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