DIANA ET CHARLIE d'Elias Ericson : un roman graphique bouleversant
Fin 2011, dans la Suède d’ « avant » l’arrêt de la stérilisation obligatoire des personnes trans désireuses de changer leur état civil.
Nous suivons le quotidien de deux ados trans de 17 ans, bien intégrés au sein de leur groupe d’amis. Charlie, à la santé mentale fragile, gère comme iel peut son quotidien en s’évadant dans les paradis artificiels, les conduites addictives, la musique, l’automutilation et les fêtes. Seule Diana adoucit sa vie, ado trans elle-aussi, qui tente de le protéger d’iel-même. Toustes deux essaient d’exister et trouver une place, surtout au sein de leur famille. Charlie se languit d’être majeur.e pour ne plus à avoir à rendre de comptes. Diana, quant à elle, souffre du refus de son père d’autoriser la prise d’Œstrogènes et de sa persistance à utiliser son deadname (« Dante », le nom qui lui a été assigné à la naissance). Séparée de son père, sa mère est plus compréhensive, mais elle aussi est un peu perdue dans sa vie.
Un lien particulier unit Charlie et Diana, un lien aussi fort que leurs vies sont fragiles. En équilibre instable, iels tentent de survivre au travers d’excès en tout genre.
Alors que Charlie s’enfonce dans la dépression, Diana rencontre Evelina . Elle est tiraillée entre l’envie de vivre cet émoi, et celle de rester auprès de son ami.e. Elle choisit de desserrer quelque peu le lien fusionnel qui les unit. Pour Charlie ce sera la descente aux enfers, pour Diana la culpabilité et l’apprentissage de la rupture amoureuse. Le monde qu’iels se dessinent finira par les réunir.
Ouvrez le livre et imaginez-vous dans le wagon lancé à 100 à l’heure d’un manège à sensation. On reprend son souffle une fois la lecture terminée, portée par une bande son omniprésente (la playlist est indiquée au début du roman). Les thématiques abordées sont difficiles : problèmes psychologiques, addictions, racisme, transphobie, automutilation, troubles du comportement alimentaire, bipolarité…Un avertissement informe d’ailleurs lae lecteur-rice. L’histoire est sombre, portée par un graphisme tout aussi noir. Et pourtant, parfois, au milieu de ce tourbillon enténébré jaillit la lumière du lien qui unit les deux adolescent.e.s . La force de ce roman, c’est de faire de nous, lecteur-rices, les témoins des tempêtes intérieures des personnages. Plus qu’un roman sur la transidentité, c’est un roman de l’intime, un roman sur le corps que l’on habite et qui nous est parfois étranger. Un roman sur l’adolescence aussi, une quête et une construction identitaires compliquées par les questionnements de genre. Il pose aussi la question de la santé mentale des adolescents en général et des adolescents lgbtqia+ en particulier. L’auteur, pour cette fiction, s’est inspiré de son expérience queer et des faits dont il a été témoin. Son regard trouble, rend compte et questionne très justement. On a beaucoup aimé.
En France, c’est la loi du 18 novembre 2016 qui permet aux personnes trans de faire modifier la mention de leur sexe à l'état civil sans avoir à subir de traitement stérilisant. Ainsi, il est possible pour un homme trans, s’il possède toujours ovaires et utérus, d’être enceint et de bénéficier de la même protection médicale et juridique que les femmes cisgenres. Une affiche du planning familial qui a récemment fait polémique le rappelle.
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