"Je suis Camille", un album de Jean-Loup Félicioli

Je suis Camille de Jean-Loup Félicioli, aborde la transidentité au travers du quotidien d’une jeune adolescente faisant son entrée en sixième en France après avoir vécu à Los Angeles. On comprend dès les premières phrases, sans en connaître les raisons,  que l’année scolaire précédente fut particulièrement difficile. Le premier jour au collège se passe bien, tant avec les professeur.ses  (même si le professeur d’SVT insiste lourdement sur le caractère épicène du prénom Camille)  qu’avec les autres élèves, surtout avec Zoé. L’amitié nait de suite entre les deux adolescentes, renforcée par leur passion commune pour la musique. Encouragées par le père de Zoé, un ancien artiste, elles enregistrent une maquette de chanson dans le studio que possède ce dernier à leur domicile. Dans l’euphorie du moment, Camille oublie de verrouiller la porte des WC et est surprise par la tante de Zoé à uriner debout. Déstabilisée, mais soutenue par sa mère, Camille raconte son histoire à son amie, l’assignation garçon à sa naissance et le ressenti de son identité de genre. Zoé se montre compréhensive. Lors d’une soirée entre ados, elle surprend Rémi, le garçon qu’elle aime en secret, embrassant Camille. La colère lui fait dire des mots malheureux faisant craindre un outing. Camille s’enfuit, envisageant le pire (suicide). Mais elle renonce et se réfugie dans les bras de sa mère, venue à sa rencontre à la demande de Zoé. Les jours qui suivent sont difficiles pour les deux amies. Camille reste enfermée dans sa chambre et Zoé lui rend visite à plusieurs reprises, tentant de réparer sa maladresse. L’amitié, nourrie de compréhension et d’acceptation de l’autre, finira par triompher.
Si on a aimé cet album, c’est qu’il traite de la transidentité sur le plan amical. Les aventures que vivent les deux ados, si elles ont la légèreté des bluettes adolescentes (les amourettes, le groupe de musique, le baiser …) permettent d’ancrer les personnages dans le quotidien : Camille vit les mêmes expériences que ses camarades. Mais celles-ci s’embarrassent  des gestes du quotidien qui compliquent la vie des personnes trans, en particulier à l’adolescence : utiliser les WC, les vestiaires qui sont systématiquement genrés, la pratique des séances de sport comme la piscine …
Mais malgré ses peurs et ses doutes, Camille affronte le quotidien.
On a été un peu moins emballé.e.s par les illustrations, mais on souligne tout de même la justesse des choix graphiques : album très coloré, dessin des personnages proche des traits du manga…

S..