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Un des sous-titres du film aurait pu être « Les fantômes du passé », titre certes quelque peu bateau, mais qui dépeint assez justement le sujet du film fait d’ellipses temporelles entre l’adolescence de Jonas et sa vie de jeune adulte trentenaire. Deux moments de sa vie qui s’interpellent et se répondent, entre l’adolescent secret et timide et le jeune adulte impulsif et bagarreur qu’il est devenu.
Le film s’ouvre sur une scène fantastique. Jonas, 15 ans, joue à la Game Boy sur le parking d’une station essence pendant que son père est parti régler son plein. Un ado ensanglanté se jette alors sur sa vitre, le suppliant de l’aider avant d’être happé par un homme. Vision cauchemardesque ou réalité ? L’histoire qui se déroule ensuite nous donnera les clefs, des pièces à assembler à l’image du jeu Tetris sur la Game Boy. 
On retrouve Jonas trentenaire, jeune homme écorché vif, devenu brancardier, qui traine son mal être dans une boite gay, enchaine les rencontres sexuelles sans lendemain et les bagarres. Cette violence extériorisée est le fruit d’un traumatisme teinté de culpabilité. Qu’est-il arrivé dans la vie de Jonas pour l’abimer ainsi ? Quelle est cette culpabilité qu’il porte en lui ?
Le film enchaine les flash-back pour tenter de répondre à cette question. A 15 ans, l’adolescent réservé tombe sous le charme de Nathan, jeune homme solaire, à la personnalité hypnotique. Jonas parle et ose peu, Nathan est gouailleur et ose tout. Les parents de Jonas ne savent rien de son homosexualité contrairement à la maman de Nathan, enceinte. 
Un soir, Nathan entraine Jonas au Boys Paradise, une boite gay de Toulon. Mineurs, ils sont refoulés mais un homme leur propose de les emmener dans une autre boite de nuit moins regardante sur l’âge des participants.  D’abord réticent à s’embarquer ainsi avec un inconnu, Jonas finit par accepter, sous l’insistance de Nathan. L’homme se révèle dangereux - un prédateur sexuel ?- entrainant les deux ados vers une destination inconnue. Pris de panique, Jonas à l’arrière du véhicule, tire le frein à main. Il parvient à s’échapper mais pas son ami…
Les scènes du présent racontent la quête de Jonas sur le chemin de la rédemption. Qui est ce jeune homme que Jonas espionne sur les réseaux sociaux et dans son quotidien ? 
On ne dévoilera pas la réponse mais on notera une scène finale extrêmement touchante, peut-être, enfin, sa chance de rédemption. 

Ce téléfilm diffusé sur Arté , très réussi, vous tiendra en haleine dès les premières images. Félix Maritaud (Max dans 120 battements par minute) séduit par la maitrise de son jeu. On est touché par sa vulnérabilité, sa sensibilité d’écorché vif. Le film baigne également dans une profonde mélancolie. Les errances de Jonas, dans la ville, ont des accents de David Lynch. 
La lumière (dans les oranges) et la musique d’Alex Beaupain concourent à maintenir la tension pendant tout le film. 
Thème difficile que celui de la faiblesse et la lâcheté, mais parfaitement maitrisé ici. Mais aussi film d’apprentissage qui aborde le premier amour homosexuel et le harcèlement scolaire. 

S..

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