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Tout commence par la découverte d’un carton de lettres adressées dans les années 80 à un jeune homme en réponse à une annonce passée dans Gai International, une revue homosexuelle. Ce carton est confié à Lucien Fradin, metteur en scène et comédien, qui fait de cette galerie de portraits, un spectacle, autant de témoignages de la vie et des pratiques homosexuelles de ces années-là, celles d’avant internet, de la drague dans les bars et des petites annonces. Ce livre est l’histoire de ce spectacle.

PD, portraits détaillés…le récit kaléidoscopique emprunte différentes formes littéraires (lettres, échanges de mails, récit, témoignages, paroles de musique…) et mêle l’histoire de l’auteur aux extraits de lettres.

PD, portraits détaillés… Des joies, des chagrins, des instants de vertige, de la découverte de sa sexualité à l’ivresse des rencontres, de la peur de l’outing à la fierté de revendiquer... Les pièces d’un puzzle qui dessinent en traits la communauté gay. On se réjouit pour Frédéric, étudiant en droit cachant son homosexualité, lorsqu’il trouve enfin des amis. On lit avec délectation la lettre de Denis, à l’humour savoureux teinté d’ironie. On devine les craintes de rejet de Karim, en cours d’acquisition de la nationalité française. Et puis Gilles, André, Michel, Jean-Luc, Bernard, Joel et Stéphane…

Ce livre est un véritable bijou. On est ému.e.s souvent, amusé.e.s parfois, par les lettres qui datent d’avant l’ère numérique et les applications de rencontres. On est témoins des questionnements et des récits de vie de ces hommes qui se cachent pour la plupart, de leurs difficultés à se rencontrer et à vivre sereinement leur sexualité, de leur détresse aussi. L’insulte « PD » est au centre du récit, réappropriée par l’auteur, revendiquée même : un pied de nez à nos sociétés hétéronormées et virilistes.

« Je dis pédé, et je vais dire pédé. Sachez qu’on peut dire pédé quand on est pédé, et que, quand on ne l’est pas, il est de bon ton d’y réfléchir à deux fois. Je dis pédé parce que c’est un joli mot. Je dis aussi Tarlouze ou tapette, comme des jolis mots. Je dis pédé parce que les autres me l’on dit plein de fois, alors moi aussi, j’ai envie de le dire ».

Les passages autobiographiques, bribes de vie offertes à nos regards, semblent répondre aux lettres, mais dans un temps différent. Ces conjugaisons du passé et du présent offrent une correspondance intime.

On a aussi beaucoup aimé les références littéraires et cinématographiques distillées au fil des pages.

Le recueil, numéroté, est paru aux Venterniers : la première de couv’ nous a aussi beaucoup séduit.e.s.

S..

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