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Dans les années 1950, des hommes « travestis » (on ne disait pas transgenres à l’époque) se retrouvent à ce qui devient la « Casa Suzanna », une propriété de plusieurs hectares possédée par la femme d’un de ces travestis, Tito-Suzanna. Le film, très émouvant, évoque cette petite communauté d’hommes qui pratiquent alors le crossdressing le week-end dans ce lieu de campagne perdu au milieu des montagnes dans l’État de New-York, sans changer d’identité le reste de la semaine. Pour réaliser son documentaire, Lifshitz s’appuie sur les témoignages de  quatre personnes, qui étaient présentes dès les origines de la Casa Suzanna, et qui, pour deux d’entre elles, ont fait le choix d’une transition définitive dès les années 1960, avec toutes les difficultés que cela pouvait comporter à l’époque, les opérations de réassignations étant alors interdites aux États-Unis. Il fallait disposer de moyens financiers importants pour payer l’intervention en se rendant dans un pays étranger comme le Mexique par exemple (ou le Maroc pour l’Europe). 
Katherine Cummings (d’origine australienne) et Diana Merry-Shapiro (américaine) évoquent ces années pionnières, la joie de se retrouver le week-end dans les bungalows de la Casa Suzanna, les spectacles de « drag » organisés publiquement, sans susciter la moindre hostilité. A travers leurs récits, à travers ceux de la fille de Tito-Suzanna ainsi que du fils de sa femme Maria (vous suivez?), on découvre l’histoire du « fondateur » de ce lieu magique, qui a publié une autobiographie dans laquelle il évoque ce lointain passé. On accompagne également le parcours de chacune, les différentes étapes de la transition, la question du couple et de l’orientation sexuelle, celle de la carrière professionnelle également.
L’ensemble est autant passionnant que touchant, donnant à voir une communauté comme il a dû en exister bien d’autres à l’époque, protégée par l’invisibilité (si les spectacles étaient publics, le reste ne l’était pas). Un documentaire qui témoigne combien la transidentité, présentée par certain.e.s aujourd’hui comme une mode, a ses lointaines traditions, et disposait déjà à l’époque de réseaux, de revues et bien sûr de codes, malgré l’absence de reconnaissance sociale.
A voir, sur Arte (lien ci-dessous) 
G.

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