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En 2013, Maia entre en master de BD à San Francisco. Dans son atelier d’autobiographie, on lui demande de dresser la liste de ses plus grands secrets. Très réticent.e au départ, Maia se soumet à l’exercice et note que la liste de ses « démons » relève de questions de genre. Enfant, Maia rechigne à porter des vêtements très girly, ne comprend pas qu’elle ne peut se baigner torse-nu comme les garçons, se désespère aux premières menstruations et à la poitrine se développant. Maia souffre des injonctions d’une société qui impose des comportements stéréotypés aux garçons/hommes comme aux filles/femmes et le vit comme une entrave à sa liberté d’être. En grandissant, iel se sent de plus en plus enfermée dans un corps de femme au point d’espérer être un homme. Au fil de ses réflexions, iel pose enfin un terme sur son ressenti, la non-binarité. Quant à sa sexualité, si iel est attirée romantiquement par les femmes, elle demeure une épreuve… épreuve qu’iel finira par ne plus vouloir s’imposer ( alors que les injonctions de la société tendent vers une sexualisation des rapports amoureux).  En fait, Maia ne ressent pas le besoin d’avoir des relations sexuelles. Iel est asexuel.le. Les mots enfin posés sur ses ressentis, iel va alors s’approprier tout un vocabulaire non genré, répondre aux interrogations de ses proches ainsi que s’approprier un vestiaire « queer ». Devenu.e à son tour prof, iel redoute encore de faire son coming out non binaire par peur des réactions parentales. Cependant, iel se promet de le faire car iel sait l’importance des modèles lorsque l’on est ado. 

Le New York Times titrait au sujet de ce roman graphique « l’ouvrage le plus banni des bibliothèques scolaires aux USA ». En effet, ce roman qui raconte le cheminement vers le coming out asexuel et non-binaire de Maia, s’est retrouvé au centre d’un affrontement culturel aux USA. Retiré de certaines bibliothèques, cible des conservateurs qui criaient à l’hérésie ou à la pornographie, le roman a suscité des réactions hostiles aussi dans d’autre pays (en Australie par exemple).
Que contient-il pour heurter ainsi la sensibilité lgbtphobe de certain.e.s ? 
Si le graphisme est simple ( je n’ai pas été séduit.e pour ma part), il a l’avantage de laisser place aux mots. Et ceux-ci sont essentiels. Avec beaucoup de pudeur et souvent d’humour, l’auteuriste aborde tous les domaines concernés par les questions de genre et de sexualité : dysphorie, vocabulaire, relations sexuelles, rendez-vous gynécologique… On chemine en même temps que Maia dans la compréhension de la non-binarité et de l’asexualité, on est le témoin de ses questionnements, tourments, souffrances. 
Un ouvrage didactique mais non sans humour, à mettre entre toutes les mains, n’en déplaise à certain.e.s. 

S..

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