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Conversion est un documentaire de 2022 centré sur le témoignage de deux psychologues qui, dans les années 1960-70, ont œuvré pour faire supprimer l'homosexualité de la liste officielle des maladies mentales. Avant cela (et après hélas), les thérapies de conversion s'appuyaient sur un arsenal utilisé ailleurs dans les pays "avancés", comme les électrochocs, les hormones, la lobotomie, l'ablation du clitoris pour les femmes, etc. Dans les années 1950-60, l'idée est de provoquer le rejet du désir homosexuel par la punition (électricité, images horribles, injection de produits chimiques suscitant le dégoût), des techniques largement répandues, seulement rejetées par un petit nombre de professionnels. 
Charles Silverstein et Gerald Davison étudient la psychologie dans une Amérique des années 60 qui a érigé la thérapie de conversion des homosexuels en quasi religion. Le premier, gay lui même, ne rejette pas totalement l'idée qu'il faut aider les homosexuels qui souhaitent suivre ces thérapies, mais il insiste sur le fait que le premier problème à régler est celui de la honte provoquée par l'environnement social hostile. C'est à partir de ce constat que Gerald Davison, qui se proposait dans un premier temps de soigner les gays en utilisant des dispositifs positifs (et donc ne relevant pas de la punition) en essayant de substituer le désir hétéro au désir homo, défend l'idée au début des années 1970 que la souffrance des homosexuel.le.s a une seule source, l'hostilité sociale, et qu'en conséquence, l'homosexualité n'est pas une maladie. Avec comme corolaire le fait que les thérapeutes doivent dorénavant s'abstenir de "soigner" leurs patients gays, même s'ils et elles sont volontaires pour cela.
Les deux compères sont en fait les portes paroles plus ou moins conscients (Charles Silverstein est également un militant) des luttes qui émergent dans les années 1970 à la suite de divers événements dont la fameuse révolte de Stonewall. Les militants du Gay Liberation Front ont alors pris l'habitude de "zapper" les cours, conférences et interventions des psychologues ou psychiatres homophobes, en organisant des chahuts, des prises de paroles intempestives et autres joyeusetés qualifiées aujourd'hui de "cancel culture".
De nos jours, même si depuis 1973 l'homosexualité a été retirée de la liste des maladies mentales aux USA (1992 pour la France), les thérapies de conversion sont interdites dans une vingtaine d'États, mais restent donc autorisées dans une majorité du pays. 
G.

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