Vies et militance LGBT dans l'Aisne de 1950 à nos jours : achetez le livre !
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Entretiens et archives ont permis de lever un peu le voile sur cette histoire qui semble ne pas avoir existé. Et pourtant ! Des lieux, des événements, des personnes avec leurs joies et leurs peines et d'incroyables découvertes ! Une entreprise qui se transforme en discothèque gay et lesbienne dans les années 1990 dans un tout petit village de la région, une première asso fondée par des lesbiennes dès 2001 dans notre département ! In-cro-yable mais vrai !
INTRODUCTION :
L’orientation sexuelle et les questionnements sur l’identité de genre se vivent d’abord dans la sphère intime, mais toujours en écho aux contraintes de genre et d’orientation que l’environnement normatif impose sur l’être à venir, puis sur l’être en devenir. Expérience de son propre corps et du regard que les autres (la famille d’abord) renvoient, découverte des sentiments et du désir, interrogations sur comment je suis au monde : dans une société hétéronormée, les difficultés s’abattent surtout sur les personnes qui ne s’identifient pas aux normes dominantes. Dans le département rural qu’est l’Aisne, comme ailleurs, sinon plus qu’ailleurs, lesbiennes, gays, personnes bi.e.s, trans ou non-binaires, intersexes ou asexuel.le.s, autant de questionnements, de confrontations à la pression sociale. Autant d’apprentissages de la ligne rouge qui départage le normal (les autres) d’un supposé anormal (soi), autant de difficultés à dire sa vérité et à sortir du placard, difficultés à cacher ce que l’on est parfois, vies clandestines plus ou moins dévoilées en fonction des moments de vie, des circonstances. Et souvent la souffrance, le rejet, le harcèlement, la fragilité mentale, la mésestime de soi, le doute, les privations affectives, voire le suicide, comme l’évoque la nouvelle de Dominique Natanson, que nous reproduisons en annexe, qui s’inspire de faits réels : le suicide d’un jeune gay dans les années 1980 à Soissons. Et combien d’autres suicides, que personne n’a ouvertement mis en relation avec les lgbt+phobies subies ?
La première violence, dans une société cis-hétéronormée fondée sur la naturalisation du genre, s’opère sur l’incapacité des personnes à être elles-mêmes, à s’épanouir, à vivre les relations humaines telles qu’elles les souhaitent. En vivant plus ou moins cachées et dans les marges, en se soumettant aux injonctions du mariage hétérosexuel ou de la normativité de genre, combien de personnes lgbt+ ont opté pour des vies qui n’étaient pas les leurs, se sont imposé des relations amoureuses et sexuelles ou des destins contraires à leurs désirs ? Combien ont connu la frustration, de peur d’être outé.es et soumis.es à l’humiliation des discours fomentés par une société hostile ?
Comment ne pas être tétanisé.e par la recherche de « l’autre soi » qui impose d’explorer l’espace social et public pour provoquer la rencontre et rompre l’isolement dans lequel la majorité, si peu inclusive et accueillante, nous enferme en nous réduisant à notre orientation ou à nos identités particulières ?