« Pédés : réinventer le monde », un podcast de Camille Desombre sur France Culture

Camilel Desombre interviendra pendant notre 5e festival, Galerie 115 à Saint-Quentin, le samedi 8 juin dans l'après-midi.

On se délecte à l’écoute du podcast de Camille Desombre « Pédés : réinventer le monde », diffusé depuis peu sur France Culture. Explorée par Didier Eribon, ce retournement de l’insulte dans la perspective d’une réappropriation radicale n’est pas l’apanage du mouvement lgbt+. Mais si « pédé » constitue une des insultes suprêmes de notre système de dénigrement, certains gays (surtout) se sont non seulement réapproprié le terme, mais ils en ont fait un étendard, voire même une identité.
L’identité « pédée » dans une perspective historique, voilà ce qui intéresse Camille Desombre, une identité prise au sens large, englobant les différentes identités homosexuelles masculines. 
Dans le premier volet de ce podcast, il est surtout question d’identité, d’associations, de militant.es, d’engagements, de construction de soi, de rejet, d’intersectionnalité également. Comment se découvre-t-on homosexuel, quelle place le terme « pédé » tient dans cette construction ? L'identité "pédée" est-elle révolutionnaire ? Comment la société nous enferme-t-elle dans une prison de détestation, comment chacun gère sa relation à cette prison ? 
Le second épisode questionne les rapports entre les homosexuel.les et la police, ou plutôt entre la police et les homosexuel.les, car la relation est d’abord celle d’une obsession répressive de la part d’un corps d’État qui, en l’absence de lois réprimant globalement les rapports entre personnes de même sexe, s’accroche à des contraintes juridiques à la marge. Mais avec une triste efficacité ! Au fil des archives judiciaires, c’est toute une répression qui se dévoile et témoigne d’une société particulièrement brutale envers les alternatives à l’hétéronormativité. On comprend pourquoi les « pédés » et les « gouines » des années 1970 ont fait de la police une de leurs cibles privilégiées. Et on comprend pourquoi également les héritiers de cette tradition radicale affichent une vraie réticence à l’égard de Flag, l’association lgbt+ qui grandit au sein du Ministère de l’Intérieur et dont les militant.es ont été plus d’une fois exclu.es des Marches des fiertés. 
Un comble, puisque la plupart des associations demandent à l’État – sa police, sa justice - de réprimer les actes homophobes.
Un podcast poignant et instructif qui permet de réfléchir à nos identités et nos engagements présent.es. À ne pas manquer !!!