Notre cérémonie "Aux victimes lgbtqia+", mercredi 22 janvier 2025 à Saint-Quentin (02)
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Discours prononcé par notre association :
ChèrEs amiEs
l’association fierEs et queer a proposé, pour la première fois, d’honorer la mémoire des victimes lgbtqia+, en nous réunissant ici et en sacrifiant à la tradition du dépôt de gerbe. Et nous nous réjouissons de la présence de l’association SOS homophobie à nos côtés.
La grisaille, la pluie, le froid qui nous accompagnent ce soir, des dizaines de millions de personnes l’on éprouvé dans leur cœur, dans les années 1930 et 1940 en Allemagne, en France et dans le reste de l’Europe. Des personnes juives en premier lieu, humiliées, stigmatisées, arrêtées, persécutées, déportées et pour beaucoup exterminées ; des personnes homosexuelles et transgenres également, trop souvent oubliées des commémorations. Si avant 1933 et l’accession de Hitler au pouvoir la prison n’était pas rare pour les hommes homosexuels en Allemagne, une fois aux affaires, les nazis ont accru la répression. Entre 1933 et 1945, on estime que 100 000 hommes ont été arrêtés pour homosexualité, entre 5 et 15 000 d’entre eux ont été envoyés en camps de concentration. Nombre d’entre eux y sont morts. Et nous n’oublions pas le rôle de l’État français dans la répression et les déportations de juin 1940 à la Libération.
Magnus Hirschfeld, que nous honorons dans le cadre de la Journée franco-allemande 2025, était juif et homosexuel. Pionnier des droits lgbtqia+ , il a eu la chance de pouvoir échapper à l’extermination, grâce à l’exil, en France.
Sur qui les réprouvés pouvaient-ils compter ? Nous n’oublions pas que des partis progressistes comme la social démocratie en Allemagne, ont fait de l’homosexualité dans les années 1920 un vice bourgeois et nazi, tandis que la Résistance en France, les gaullistes ou les communistes, ont systématiquement associé la Collaboration à l’homosexualité entre hommes, préparant, accompagnant et perpétrant d’une certaine manière l’exclusion et les persécutions, au-delà même du régime hitlérien. Il a fallut attendre 1982 et 1983 pour que les aspects discriminants de la loi française envers les homosexuels soient supprimés, et 1994, pour que le paragraphe 175 criminalisant les homosexuels en Allemagne soit abrogé.
Nous n’oublions pas qu’aujourd’hui encore, dans cette tradition insupportable, des partis instrumentalisent ici en France les questions de genre, d’identité et d’orientation, visant plus spécifiquement les personnes transgenres. Avec le même effet. En suscitant la souffrance.
Si aujourd’hui nous honorons tout spécifiquement les victimes lgbtqia+, nous n’oublions pas non plus que la barbarie a touché les peuples sous le joug de la colonisation, et touche encore encore les femmes, sous le joug du patriarcat.
Dans cette barbarie qui traverse le temps jusqu’à nous, puisse notre présence ici ce soir constituer une petite lumière capable de réchauffer nos cœurs bien tristes.
N’oublions pas ces victimes, n’oublions pas que l’avenir dépend aussi de nous.
#JFA2025