Panorama 2024 de l’observatoire des vulnérabilités queers, par Loïc Shave (Le Refuge)
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1 personne LGBTQIA+ sur 5, 2 personnes trans sur 5, se sont déjà retrouvées sans domicile. 1 lesbienne sur 2 victime de violences intrafamiliales. 52 % des Français.es pensent que l’orientation sexuelle est un choix, iels sont 50 % pour l’identité de genre. 33 % des personnes cis-hétérosexuelles en France pensent qu’il faudrait « soigner » un·e enfant trans... Nous pourrions allonger encore la liste des statistiques effrayantes…
Le "Panorama 2024" du Refuge (Le Refuge est une association qui accueille et accompagne les jeunes LGBTQIA+ en situation de rupture familiale ou sociale) met en lumière la situation précaire et souvent tragique des jeunes LGBTQIA+ en France. L’auteuriste, Loïc Chave, souligne l’impact de la marginalisation et des violences vécues par ces jeunes, notamment les statistiques alarmantes sur les tentatives de suicide chez les jeunes transgenres. Le rapport s'articule autour de deux axes majeurs : le sursans-abrisme des jeunes queers et les violences intrafamiliales, mettant en lumière les données préoccupantes et les recommandations pour y répondre.
Sursans-abrisme Queer :
Le texte expose le taux élevé de jeunes LGBTI+ cherchant un hébergement d'urgence, avec une augmentation significative de demandes depuis 2023. Il souligne l'invisibilité des demandes non comptabilisées, accentuant l'ampleur réelle de la crise. La précarité spécifique des personnes LGBQIA+ est détaillée, montrant que les structures d'aide publique ne peuvent pas toujours recenser ces individus à cause des restrictions du RGPD concernant les données sensibles (Le RGPD, ou Règlement Général sur la Protection des Données, est un texte de loi européen qui encadre la collecte, le traitement et la conservation des données personnelles pour protéger la vie privée des citoyens de l'Union européenne).
Rupture Familiale :
Une grande partie des cas de sans-abrisme des jeunes LGBTQIA+ est due à la rupture familiale, souvent suite à un coming-out. Le document présente des statistiques montrant que beaucoup des jeunes queers font face à un rejet familial, ce qui les expose au risque de devenir sans-abri.
Violences Intrafamiliales :
L’analyse des violences intrafamiliales révèle des taux beaucoup plus élevés parmi les personnes LGBTQIA+ que dans la population générale. Les formes de violence sont multiples, incluant psychologique, physique et sexuelle, avec des conséquences graves sur le bien-être et la santé mentale des victimes.
Législation et Droits :
Le texte critique les lois actuelles qui limitent l'autodétermination des jeunes trans, notamment en termes de changement de prénom et de mention de sexe à l'état civil. Il souligne aussi les défis pour les mineurs transgenres en matière de santé, comme l'accès aux bloqueurs de puberté.
Thérapies de Conversion :
Malgré leur illégalité, les thérapies de conversion persistent, souvent justifiées par des préjugés que l'orientation sexuelle ou l'identité de genre seraient des "choix". Ces pratiques sont dénoncées comme des violations des droits humains.
Le rapport appelle à une mobilisation des pouvoirs publics pour :
- Financer des structures d'accueil dédiées aux jeunes LGBTQIA+ rejetés.
- Renforcer les études et données sur le sursans-abrisme queer.
- Former les professionnel·les aux réalités LGBTQIA+.
- Garantir l'accès aux soins pour les mineurs transgenres et interdire les mutilations sur les enfants intersexes.
- Instaurer des dispositifs de médiation et de soutien dans les écoles et collectivités locales
Le texte du Refuge est un appel poignant à la société et aux pouvoirs publics pour reconnaître et agir contre la précarité systémique des jeunes LGBTI+. Il soulève des questions essentielles sur l'accueil, la protection et l'égalité, critiquant à la fois les lacunes dans les politiques actuelles et les préjugés sociétaux. Il souligne l'absence de statistiques détaillées sur l’orientation sexuelle et l’ identité de genre. Bien que le RGPD justifie cette omission par la sensibilité de ces informations, cette absence engendre plusieurs problématiques. D'une part, elle empêche une compréhension précise de la situation des personnes LGBTQIA+ sans abri, rendant difficile la mise en place de politiques publiques adaptées à leurs besoins spécifiques. D'autre part, elle contribue à invisibiliser ces populations et à renforcer les stéréotypes, en entretenant l'idée que l'homophobie et la transphobie sont des facteurs négligeables dans le parcours vers l'itinérance. Cependant si ces données tombaient entre de mauvaises mains, elles pourraient être utilisées pour cibler des individus, les discriminer, les harceler ou même les exposer à des violences. Par exemple, un.e employeur.e pourrait refuser d'embaucher une personne en raison de son orientation sexuelle, un.e bailleur.e pourrait lui refuser un logement, ou un groupe haineux pourrait utiliser ces informations pour organiser des actions de harcèlement en ligne ou dans la vie réelle. La collecte et le traitement de ces données doivent donc être strictement encadrés afin de prévenir tout usage malveillant et de garantir la protection des personnes concernées. Si les pays anglo-saxons ont fait des avancées en la matière, il est essentiel que la France développe également des outils de collecte de données plus inclusifs, tout en garantissant la protection des informations personnelles.
Enfin on appréciera les magnifiques et très inspirantes illustrations de ce rapport, « au printemps espéré qu’elles nous offrent ». confiées au club kids Babylone et Symte Biose.
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Panorama 2024 de l'Observatoire des vulnérabilités queers - Fondation Le Refuge
Le rapport met en lumière la précarité croissante des jeunes LGBTI+, avec un focus sur le sursans-abrisme queer et les violences intrafamiliales.