"Call me by your name", un film magique et magnifique !
Ces dernières années, on a mis l'accent sur les difficultés qu'ont les LGBT+ à faire leur coming out, sur les pressions familiales et le rejet social, sinon sur les agressions et les violences. "Call me by your name" (appelle-moi par ton nom), tourné en 2017, ne s'inscrit pas du tout dans cette veine. ll met en scène au contraire un jeune de 17 ans qui découvre avec joie et non sans quelques difficultés son attirance pour un homme plus âgé, mais dans un univers familial ouvert et généreux. Le film se situe dans l'Italie des années 1980, au sein d'une famille cosmopolite, polyglotte, progressiste et aisée d'archéologues spécialistes de la statuaire de la Grèce antique. Ce goût pour cette époque lointaine caractérisée par la norme sociale de la "pédérastie" et par ses représentations de beaux jeunes hommes, n'est peut-être pas sans rapport avec l'ouverture d'esprit dont font preuve les deux parents, non seulement à l'égard de leur fils, mais également envers un chercheur américain qu'ils accueillent pour deux mois en cette belle période estivale dans leur vaste maison bourgeoise. Le jeune Elio s'éprend d'Oliver, mais également d'une jeune adolescente de son âge qui gravite dans leur entourage. Oliver résiste aux avances du jeune Elio, semble nettement plus intéressé par les femmes, mais la rencontre miraculeuse s'opère finalement dans la deuxième moitié du film, dans une relation magique, harmonieuse et lumineuse bien qu'encore clandestine. Mais les parents ne sont pas dupes et laissent faire. Mieux, ils suggèrent que les deux amoureux partent quelques jours en voyage avant le retour d'Oliver aux USA.
Le film s'achève par la scène la plus touchante et la plus forte sans doute de cette histoire enthousiasmante. Oliver est parti, Elio s'enfonce dans la tristesse et se retrouve un soir à discuter avec son père. L'archéologue, tente d'expliquer à son fils quelle chance extraordinaire il a eu de vivre cette histoire d'amour avec Oliver, et que la tristesse ne doit pas se transformer en armure qui assèchera l’esprit et le cœur au fil des ans. Le père exprime une forme de nostalgie pour cette jeunesse fugace, qui passe si vite et qui laisse place à une indifférence pour les corps fatigués, une perte du désir. Quand on côtoie la statutaire grecque, difficile de ne pas trouver le corps des adultes vite décevants ! Au fil de ce monologue touchant, l'archéologue révèle à Elio qu'il est passé à deux doigts de vivre une relation amoureuse similaire dans sa jeunesse, mais que cela ne s'est finalement pas fait, ce qu'il regrettera toujours. C'est la première fois que l'archéologue évoque cette histoire, que même sa propre femme ne connaît pas...
Qu'il est bon de se dire que tous les homosexuel.le.s ne sont pas inexorablement voués au rejet.
Bon film !
G.