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Ces dernières années, on a eu tendance à parler des Grandes écoles pour leurs bizutages parfois mortels et souvent très sexualisés, sinon sexistes et pire encore. Ce film, un peu ancien, pose un tout autre regard sur ces boites à fabriquer l’élite de demain. Trois grandes thématiques traversent cette histoire, tirée d’une pièce de théâtre et jouée bien souvent par les acteurs comme s’ils étaient sur scène : les hiérarchies sociales, l’homosexualité masculine et enfin le racisme. Salis dépeint à grands traits une élite imbue d’elle-même et révèle les contradictions sociales en mettant en présence au sein d’une grande école des enfants de grands bourgeois parisiens, de fils de provinciaux aux origines sociales plus modestes, mais aussi des travailleurs qui assurent l’entretien des locaux, pour certains des travailleurs immigrés. Un condensé de la société en quelque sorte.
Dans la chambrée de trois étudiants mâles qui regroupe certains des personnages principaux de ce récit, l’hétérosexuel amoureux Paul se sent soudain des attirances pour Louis-Arnault, sans parvenir à lui révéler des sentiments qui le rongent. Heureusement pour lui, un jeune travailleur maghrébin et entreprenant lui ouvre grand la porte de cet amour semble-t-il moins problématique pour un jeune travailleur que pour le « fils de » Louis-Arnault…
Même si le jeu des acteurs est parfois un peu étrange et pas toujours convainquant (Paul notamment) et le film un peu trop centré sur les tensions entre deux couples, il n’en demeure pas moins riche de réflexions sur l’influence de l’origine sociale sur les comportements et les choix individuels, sur la difficulté à faire son coming out dans une société hétérocentrée, sur les différences sociales et l’éducation familiale, ou encore sur le regard de ces jeunes privilégiés sur les injustices du monde. Saluons aussi le fait que Robert Salis n’hésite pas à dénuder avec un évident plaisir les corps masculin, une originalité pour ce film du début des années 2000.

G.

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