Dallas buyers club : quand un cow-boy macho se découvre séropositif...
Aux États-Unis, l’épidémie de sida a fait d’horribles ravages. La politique aussi… Face à une maladie, face à une pandémie, comment réagit la société ? Comment réagit le gouvernement au pouvoir ? Quelle est la stratégie des entreprises du secteur pharmaceutique ?
Ce film, tiré d’une histoire vraie, évoque ces difficiles questions en se focalisant sur les déboires de Ron Woodroof, un ouvrier américain, cow-boy à ses heures, macho et homophobe à plein temps. Lors d’une prise de sang, l’hôpital le diagnostique séro-positif. Un hétéro macho atteint du sida ! Inimaginable !
On est en 1985 dans l’Amérique profonde. Les médecins pronostiquent à Ron une mort très prochaine. Mais le pire, pour cet amateur de rodéo et de femmes, c’est de se voir soupçonné d’homosexualité, son entourage amical prenant soudainement et violemment ses distances. Parce qu’on le sait bien, seuls les gays peuvent être contaminés !
La maladie bouscule donc bien des certitudes chez cet américain très « moyen », qui doit par ailleurs affronter trois géants, dont il attend beaucoup : l’hôpital, lui-même dépendant des politiques publiques et du secteur privé en matière de recherche et de prise en charge des nouvelles maladies ; l’industrie pharmaceutique, qui mise sur l’AZT à haute dose, le traitement le plus cher au monde à l’époque, et lance des études cliniques en double aveugle (une moitié des patients traités, l’autre recevant un placebo) en payant grassement les médecins pour qu’ils ne se posent pas trop de questions ; et enfin, la Food and Drug Administration, qui réglemente la vente de produits pharmaceutiques aux États-Unis.
Alors que dans les grandes villes américaines Act-Up et d’autres associations entament des combats collectifs (ce que ne montre pas le film), Ron tente de trouver des solutions par lui-même. Exclu du protocole de soins, il récupère clandestinement de l’AZT, et finit par découvrir sa dangerosité. Le malade trouve au Mexique des médecines alternatives, qu’il expérimente sur lui-même tout en tentant de les commercialiser dans sa région d’origine. Pour échapper aux réglementations liées à la vente de produits pharmaceutiques, Ron fonde une association, le « Dallas buyers club », avec Rayon, une trans atteinte du sida elle aussi. Rayon, qu’il a d’abord beaucoup détestée, devient son associée. Commence alors un combat inégal entre quelques malades du sida et la Food and Drug Administration, cette dernière roulant de toute évidence pour les big pharma !
Un film touchant qui, montre bien sûr que des hétéros ont rapidement été touchés par cette maladie « de gays », et également combien le sort et les compétences des malades sont si peu prises en compte par une administration et des entreprises dont les motivations sont si peu humaines. A voir !
G.