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Dans une banlieue chic du Los Angeles des années 1960, un professeur gay de littérature  perd l’amour de sa vie suite à un accident de voiture. Quel sens donner à sa vie après ça ? Enseigner à des étudiants conformistes ? Continuer à s’accrocher à une amitié féminine de toujours ? Répondre aux invitations de la famille voisine ? La curiosité et l’insistance d’un étudiant « invisible » comme lui va quelque peu bouleverser le projet méthodiquement suicidaire de Georges Falconer, quarantenaire discret, froid et guindé. La trame peut sembler convenue : états d’âme d’un membre de la moyenne bourgeoisie, perte d’un être cher, difficulté à surmonter le deuil, homophobie ambiante (la famille du défunt refuse la présence de Georges aux obsèques, forme de double peine)… Néanmoins, le film surprend par sa grande sensualité (très asexuée au demeurant, le réalisateur Tom Ford explore volontiers le corps nu masculin, mais sans jamais dévoiler le sexe), et par un esthétisme autant visuel que conceptuel : gros plans sur les visages et les fragments de corps, corps en apesanteur dans l’eau, allers-retours incessants et parfois déroutants entre le noir et blanc et la couleur pour une même scène ou pour un même personnage, narration combinant plusieurs temps du récit, plans récurrents sur le cadran des pendules, ce temps qui nous accable et nous mène vers l’unique futur que nous n’avons aucun doute à pronostiquer : la mort. Un film touchant et troublant à la fois.

G

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