La Première marche, documentaire de Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray
Fin 2018, quatre ami.e.s étudiant.e.s décident d’organiser une marche des fiertés en banlieue, la première du genre. Il leur faut six bons mois pour rentre le projet réalisable, et attirer plusieurs milliers de participants quelques semaines avant la marche parisienne de juin 2019. C’est ce projet un peu fou que raconte ce documentaire sans voix off, relatant les joies, les peines, les questionnements et les cheminements des quatre militant.e.s de la cause LGBT+. Quel sens donner à cette marche ? Qui pourrait la soutenir ? Comment trouver des relais ? Assurément, les quatre ami.e.s cherchent à déconstruire ce regard stigmatisant et dégradant sur la banlieue. Oui, on peut afficher son homosexualité à Saint-Denis sans se faire lyncher, et même être un garçon et se promener en jupe sans finir dans le canal ou égorgé dans une cave.
Le plus attachant des 4, Youssef, inscrit à SciencePo, gay d’origine marocaine, veut transformer cette marche en cri contre l’homonationalisme et milite pour la reconnaissance, par les participants, de l’intersectionnalité, reconnaissance d’une multiplicité d’oppressions, en fonction de la couleur de sa peau, de ses origines, de son genre, de ses préférences amoureuses et sexuelles.
Le débat préparatoire et les tractages organisés prouvent qu’un tel projet reste bien difficile à organiser : peu de monde au débat, manque d’enthousiasme en centre ville pour le flyer distribué, sinon propos homophobes. Quant au traitement médiatique de l’événement, le documentaire montre combien cette image de la banlieue, construction médiatique et sociale, demeure si difficile à combattre.
Mais la belle énergie de ces jeunes efface toutes les difficultés, et contre toute attente, la marche banlieusarde est un raz de marée. Le succès, inespéré quelques jours auparavant, est immense.
Un documentaire bien intéressant donc, mais dont le son est d’une qualité très médiocre, rendant parfois difficile la compréhension des dialogues. Dommage !
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