Transparente, de Erik Poulet-Reney, une histoire de transidentité grand-parentale
Erik Poulet-Reney, TRANSPARENTE, Oskar éditions.
Lina-Jane, adolescente au look « nothombien », partage sa passion des livres sur une chaine YOUTUBE. Dans sa vie, il y a sa mère, prof de Yoga et son père, vétérinaire qui regrette parfois de ne pas avoir eu un garçon car il « aurait su mieux s’y prendre ». Un père conservateur mais aimant. Dans sa vie il y a aussi Elouen, son meilleur ami, qui « a volé tout le bleu du ciel pour le mettre dans ses yeux », avec qui elle partage ses lectures. Il y a cette vie qui prend deux virages. Le premier, le jour où elle découvre dans un meuble entreposé au grenier un ensemble de cadeaux d’anniversaire d’un grand-père qu’elle ne connait pas. Le second, c’est sa rencontre avec Lucia, lectrice assidue de Zweig et Colette, et ancienne artiste de music-hall. Ensemble, elles vont lever le voile sur les silences de leur histoire familiale.
La transidentité, même si elle est désormais évoquée dans la littérature jeunesse, reste somme toute un sujet confidentiel et les thèmes abordés sont le plus souvent liés à la transition. L’originalité de ce roman tient surtout au fait qu’il s’agit ici de transidentité grand-parentale. Le récit est ancré dans la réalité, Lina-Jane est une adolescente à laquelle les jeunes lecteurs s’identifieront facilement. Lucia et ses souvenirs sont très attachants, et on se plait à parcourir avec elle le grand livre de sa vie. La transition de Luca en Lucia est évoquée avec pudeur et beaucoup de sensibilité. Cependant, les rapports entre les personnages et leurs émotions ne sont qu’effleurés et l’intrigue n’est pas très originale (le recours aux lettres retrouvées est un procédé couramment utilisé et il y a peu de mystère sur l’origine des cadeaux et sur l’identité de Lucia.). On aurait aimé connaitre les sentiments, les questionnements des personnages. On reste en surface de l’histoire quand l’envie de s’y noyer est omniprésente. En revanche, les procédés métaphoriques pour évoquer la quête d’identité de Lucia accrochent la poésie au bord du cœur et offrent de jolis moments suspendus dans l’avalanche narrative.
Voilà un roman très court (120 pages) qui déçoit quelque peu les attentes par sa superficialité. Néanmoins nuançons le propos : un regard adolescent, sera sans doute différent. Si la forme est parfois discutable, le message transmis est essentiel.
S..