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Tante Encarna était un personnage de théâtre, pièce dans laquelle elle racontait avoir trouvé un enfant dans le parc où elle se prostituait. Ce roman est la suite de cette pièce, l’histoire d’Encarna et d’Éclat des yeux, l’enfant qu’elle a trouvé et adopté comme son propre enfant.

Le roman s’ouvre sur cette découverte dans le parc de Sarmiento au cœur de la ville de Cordoba en Argentine, où travaillent la nuit les prostituées trans, une communauté sur laquelle veille Encarna, trans sans âge aux seins gonflés à l’huile de moteur.
Une bienveillance qui se conjugue aussi le jour, dans la pension aux murs roses. Les Vilaines en sont les habitantes, femmes trans aux personnalités extraordinaires et lumineuses, désireuses, avec une volonté sans faille, de s’inscrire dans le monde.  
Il y a Marie, sourde et muette, qui se mue petit à petit en oiseau. Natali, la louve garou qui s’enferme les jours de pleine lune dans sa chambre jusqu’à y trouver la mort. Sandra, la mélancolique, qui se perd dans les paradis artificiels. Laura, « la seule à être née avec une fleur carnivore entre les jambes » et puis Nadina, Lourdes…
Vous l’aurez compris, le récit emprunte les codes du conte et du fantastique. Ces femmes en sont les fées, illuminant leur quotidien fait de souffrances et de violences, de leur fureur de vivre ou de survivre car « être une trans est une fête ».
Pourtant, de violence il est souvent question. Violence des regards, barbarie, humiliations, viols, passage à tabac, SIDA, meurtres…La réalité s’éloigne du conte de fée, une réalité crue mais jamais misérabiliste.  
Dans tout ce sombre, pourtant, il est souvent question d’amour, de désir, de sororité, de transmissions.

Certains romans vous accompagnent longtemps une fois le livre refermé. Les Vilaines est ce ceux-ci. L’autrice, Camila Sosa Villada est une argentine née Cristian. Une enfance difficile, avec un père alcoolique et sexiste la fera s’enfuir de chez elle à 15 ans, âge où elle choisira une identité féminine. Tout en poursuivant des études, elle se prostituera la nuit dans le parc de Sarmiento.
Entre autofiction et récit fantastique, Camila Sosa Villada nous parle de ses sœurs et nous fait entrer dans leur quotidien.
Un premier roman intense et flamboyant que nous recommandons vivement.

S..

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