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Un documentaire animé bouleversant…

Dans Correspondance, Hugo disait que « L'exil, c'est la nudité du droit » et d’exil il est question dans ce bouleversant documentaire animé du danois Jonas Poher Rasmussen.

Amin, un universitaire danois de 36 ans, ami du réalisateur, accepte de se confier sur son passé. Ce documentaire est un long entretien dans lequel Amin ouvre le livre de ses souvenirs, le long chemin de son exil, de son Afghanistan natal au Danemark.

Dans sa petite enfance, Amin est heureux au sein de sa famille, une enfance insouciante où il découvre peu à peu son attirance pour les garçons, alors qu’en Afghanistan, le terme homosexualité n’existe pas.

En 1979, en pleine invasion soviétique et la prise de pouvoir communiste, une rafle de 3000 personnes emporte son père, dont il ne connaitra jamais le sort qui lui a été réservé. La famille décide de fuir en Russie, seul pays alors à accorder un visa touristique, pour échapper au pouvoir des moudjahidines juste avant la chute de Kaboul. Le but est de passer clandestinement en Suède, où vit le grand frère. Le visa expiré, ils deviennent des clandestins en Russie, attendant que ce frère réunisse l’argent des passeurs. Une année se passe avant que la somme réunie ne permette le passage que des deux sœurs dans des containers et des conditions atroces.

Le reste de la famille tente de s’enfuir de Russie et de traverser la Baltique dans un bateau clandestin. Alors que ce dernier menace de sombrer, il est secouru par la police estonienne qui parque les réfugiés dans un camp. Les conditions de vie y sont particulièrement inhumaines et indécentes. Choix leur est donné au bout de six mois de rester dans ce camp ou d’accepter le retour à Moscou. C’est ce choix qu’ils feront, devenant à nouveau des clandestins dans un pays où la police corrompue accepte de fermer les yeux en les dépouillant du maigre argent dont ils disposent.

Amin réussira à passer au Danemark via Istanbul grâce à un faux passeport. Il grandit alors avec ce sentiment de n’avoir pas de maison où se sentir en sécurité, le poids de la reconnaissance envers sa famille pour les sacrifices qui ont permis son exil, mais aussi la peur de révéler son homosexualité. C’est un autre chemin qu’il va devoir prendre : apprendre à faire confiance.

Il est des rencontres cinématographiques qui bouleversent, ce documentaire est de celles-ci. Avec pudeur, le réalisateur nous raconte l’horreur, les passeurs, la traite de celleux qui fuient, la corruption, et la difficulté d’être homosexuel.le dans un pays qui ne le tolère pas. Les choix de mise en scène, alternant animations, images d’archives et dessins griffonnés, nous entrainent dans l’histoire en évitant tout voyeurisme et apitoiement. Le récit, jamais larmoyant, alterne des entretiens avec le réalisateur sous forme de confession et mise en image des souvenirs. Lorsque ceux-ci côtoient l’horreur ou sont imprécis, l’animation laisse place aux dessins gris monochromes et évanescents. La réalité brutale dans laquelle Amin nous plonge, bouscule, dérange, chamboule et fait souvent sourdre les larmes aux bords du cœur.

A voir sans réserve.

S..

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J
Quand et où ce film documentaire peut-il être vu ?
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