Over the Rainbow », de l'autre côté des luttes : exposition au Centre Beaubourg

On peut voir *« Over the Rainbow », de l'autre côté des luttes* au Centre G. Pompidou de Paris en ce moment. L'expo a pour ambition de montrer comment depuis le début du 20e siècle, des artistes et des militant.e.s ont formé et transformé la représentation des sexualités et des identités "minoritaires".

Après avoir évoqué la manière dont le dessin de presse français stéréotypait les homosexuel.le.s dans les années 1900, l'exposition nous invite à découvrir un large champ d'expérimentations visuelles françaises et rapidement internationales, néanmoins centrées sur l'Europe et l'Amérique du Nord. On se régale des dessins de Cocteau, des photos de transformistes, nombreux.ses dans l'entre-deux-guerres en France. Rapidement, des artistes étrangers font leur apparition (Gerda Wegener et Lili Elbe), souvent parce qu'iels se sont installé.e.s à en France pour des séjours plus ou moins longs. Une place importante est également faite, pour les années sida, à des productions militantes/artistitiques américaines. 
L'ensemble est réjouissant et passionnant, émouvant, avec de nombreuses chansons, mais également des vidéos (film de Genet, film sur le Fhar dans lequel on se régale d'entendre Guy Hocquengheim raconter, dans un langage très cru, l'homophobie d'une bonne partie des militant.e.s des groupes gauchistes qui ont émergé dans les années 1960), et cette ouverture finale sur les Etats-Unis, avec des photos montrant les débuts des Sœurs de la perpétuelle indulgence, mais également des affiches radicales contestant l'hétérosexisme et le patriarcat.
L'ensemble peut paraître hétéroclite et pointilliste, fragmentaire, limité à quelques pays sans que soit évoquée l'Amérique latine par exemple, sans que sois non plus explicitée la tradition homoérotique portée par certains courants de l'art depuis l'antiquité jusqu'à la fin du 19e siècle, tradition qui ne réduit pas les seules représentations de la Belle Époque aux dessins de presse !
L'ensemble est néanmoins très riche et surtout très poignant. Ces productions du 20e siècle, qui n'étaient pas ou peu médiatisées, rappellent combien les lgbtqia+ ont été contraint.e.s à 'invisibilité, à la discrétion, à se retrouver dans des espaces limités et contraints, et par conséquent combien les artistes se sont également auto censuré.e.s, s'empêchant de rendre publiques leurs œuvres portant sur ces thématiques et donc d'explorer ces champs pour se concentrer sur des productions "acceptables"...

Jusqu'au 13 novembre 2023