Publié par

Série Web néo-zélandaise de 2020 en cinq parties, disponible sur la plateforme d'ARTE depuis le 14 juillet et jusqu'au 31 décembre 2023. Cette série a été également montée en long métrage.

Rurangi est présenté comme un drame queer et trans-positif.

L'intrigue : Dix ans après avoir coupé les ponts avec les siens pour s'installer à Auckland, où gravite une importante communauté LGBTQIA+, Caz, jeune militant transgenre néo-zélandais, traverse une crise personnelle qui l'amène à retourner dans son village natal de Rurangi. Renouer avec son père et ses amis d'autrefois, à qui il n'a plus donné de nouvelles depuis son départ, s'avère d'autant plus difficile que tous ignorent sa transition. Pour Caz comme pour ses proches, qui peinent d'abord à le reconnaître tant il a changé, tout est à reconstruire.

Avant de partager mon ressenti, voici quelques éléments qui me semblent pertinents pour aborder cette série :
    • 59 % des acteurices et de l'équipe de la production sont non binaires, et tous les personnages trans sont joués par des acteurices trans.
    • Les producteurs et le réalisateur ont recouru à un comité consultatif de personnes trans qui avait un droit de veto sur la production.
    • L'un des auteurs, Cole Meyers, personne trans, a déclaré avoir voulu créer un film qui était « par nous et à propos de nous » pour aller à l'encontre de la vision biaisée de « toujours nous voir nous-mêmes à travers le yeux des autres », la majorité de ce qui est dépeint dans les médias à propos des personnes transgenres étant « filtré ou créé par la compréhension des personnes cis de nos vies ».
    • Ce même Cole Meyers a créé un programme de stages rémunérés pour le film, qui associait des stagiaires trans aux chefs de départements, pour aider à développer une future génération de professionnels de la diversité des genres dans l'industrie cinématographique.

Mon ressenti : dans un premier temps, j'ai trouvé que l'ensemble était « un peu trop beau » pour être réaliste et qu'on n'était pas loin de la mièvrerie. Mais cela ne pas empêché de m'attacher aux personnages, et finalement, ce que je reprochais au début m'est apparu comme une vraie force de cette fiction : on évite le pathos insistant et en ne mettant pas uniquement l'accent sur leurs luttes, on examine les aspects positifs de la vie des personnes trans.
Le charisme de l'acteur principal, Elz Carrad, joue pour beaucoup dans le fait qu'on s'attache très facilement à son personnage et qu'on est tout de suite dans l'empathie. J'avoue avoir été touché également par le personnage de Jem, ex-petit ami qui s'aperçoit qu'il reste attiré par Caz, sans trop savoir si ce sont de vieux sentiments qui remontent à la surface ou si c'est la masculinité de Caz qui l'attire dorénavant. Le personnage de la meilleure amie, Anahera, est également très émouvant ; elle essaie de renouer avec son héritage maori. Quant à la relation de Caz avec son père, elle est très nuancée, car on comprend vite que le regard sur la transition de son fils est obstrué par la mort de la mère qui reste le principal obstacle entre le père et le fils.
D'un point de vue formel, il y a quelques beaux moments, dont la séquence du cauchemar où Caz se retrouve prisonnier dans une chambre « de fille ». J'ai trouvé aussi très touchant le moment où Caz n'arrive pas à mettre les pieds dans la maison de son enfance, ainsi que la hantise, présente tout le long des épisodes, d'entendre prononcer le prénom dans lequel on ne se reconnaît plus.

En conclusion, je dirais que l'homme cis que je suis est très heureux d'avoir vu cette série : intelligente et sensible, elle m'encourage à continuer à interroger avec bienveillance la complexité des identités.

JM.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article