Georges, le monde et moi, d’Illana Cantin
Amené.e à conseiller des romans young adults lgbtqia+, ce récit m’avait été suggéré par une célèbre librairie à la devanture bleue. Bien que n’étant pas la cible de cette littérature jeunesse abordant les problématiques chères aux ados, c’est toujours avec curiosité que j’aborde celle-ci. Et parfois, je suis agréablement surpris.e comme avec Aristote et Dante (https://aisnelgbt.com/2023/03/aristote-et-dante-decouvrent-les-secrets-de-l-univers-un-roman-de-benjamin-alire-saenz.html).
Priam est un adolescent manquant de confiance en lui et qui peine à s’affirmer. Un soir, il voit surgir par la fenêtre de sa chambre, Georges, qui fuit la colère d’une jeune fille, furieuse d’avoir découvert la liaison qu’il entretenait avec son petit ami. Cette irruption va bouleverser son quotidien.
Tout oppose Georges et Priam.
Priam mène une vie quelque peu monotone dans une famille de classe moyenne et aimante. Il est amoureux secrètement de Gabrielle, sa confidente. Son cercle d’intimes est restreint : Elliot, le meilleur ami au manque manifeste de finesse et Thibault, le garçon timide.
Georges est un élève brillant, populaire, scolarisé dans un pensionnat de la ville. D’un milieu bourgeois, il entretient des rapports compliqués avec sa famille, distante et peu aimante. Ouvertement gay, il collectionne les petits amis. C’est le coup de foudre amical entre ces deux-là, qui laisse place petit à petit à des sentiments amoureux. Cette prise de conscience exposera Priam aux doutes, aux interrogations sur son orientation sexuelle.
Sur la forme, l’écriture m’a peu séduit.e, l’histoire peu crédible et les personnages caricaturaux semblent tout droit sortis d’une comédie romantique américaine transposée en Charente Maritime. Cependant, l’adolescence m’ayant depuis bien longtemps quitté.e, je ne suis pas la cible de cette littérature et ne doute pas qu’elle peut séduire les adeptes du genre. Des sujets comme l’acceptation de soi, le coming out, la construction du désir, l’homophobie, l’affranchissement du milieu familial, l’indépendance… sont abordés avec beaucoup de finesse et sensibilité. Mais l’intérêt de cette lecture tient surtout à l’angle choisi par l’auteure pour parler de la découverte par Priam de ses sentiments pour Georges. Ce dernier ne cesse de le répéter, il n’est pas gay, il aime Georges. Choisir de ne pas définir l’attirance sexuelle et émotionnelle de Priam mais ne parler que d’amour, c’est mettre l’accent non pas sur l’orientation sexuelle mais sur un sentiment commun à toustes et éviter d’attribuer une étiquette à celui-ci. Que penser de ce choix de ne pas nommer ? D’aucuns diront que cela permet de ne pas « enfermer » un individu dans une case, dans une société de plus en plus normée. D’autres y verront le fait de ne pas assumer l’orientation sexuelle.
Pour Priam, c’est une manière de dire haut et fort son droit à la différence et à l'indifférence, de rappeler que ce n’est pas aux autres de définir son orientation sexuelle, qu’il n’y a pas d’injonction à le faire.
Un roman pour les 12-18 ans intéressant. À découvrir.
S..
Aristote et Dante sont deux ados en quête de leur identité, deux ados aux personnalités complexes et opposées. Aristote " Ari " est aussi silencieux, taciturne et secret que Dante est expansif ...