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Les personnes âgées sont souvent confrontées à l’isolement et à la précarité. C’est d’autant plus vrai pour les personnes LGBTQIA+ qui subissent la double peine de l’âgisme et de l’invisibilité. L'épidémie de VIH, qui a durement touché la communauté homosexuelle dans les années 80, contribue également à cette situation. 
La Cité internationale universitaire de Paris, en partenariat avec le Collège néerlandais et la Fondation Open Mind, présente du 16 juin au 11 août 2023 l’exposition Rose Antique. Une exposition sur les grilles de la Cité, en face d’un arrêt de tram…la rue offre une visibilité réjouissante. 

Grâce au travail du photographe et artiste néerlandais Ernst Coppejans, l’exposition propose les portraits de personnes âgées homosexuelles, lesbiennes, bisexuelles, transgenres, queer, intersexes et asexuelles. 
Que d’émotions à la lecture de ces histoires intimes à la fois inspirantes et touchantes. 
Que de combats menés pour celleux qui ont osé revendiquer la fierté LGBT+ !
Cette exposition renforce la nécessité d’initier un véritable travail autour de la mémoire, des expériences militantes et des savoirs de la communauté LGBTQIA+. 
Nous vous proposons quelques extraits de ces chemins de vie :

« Quand je suis arrivé chez lui, j’ai découvert qu’il s’était passé quelque chose de terrible. Il avait été assassiné par sa mère parce que nous étions comme ça ; Je n’arrivais pas à croire ce que j’entendais, qu’une mère de deux enfants puisse faire une telle chose. Nous allions révéler que nous voulions vivre ensemble et nous protéger. Après la mort de Kees, j’ai décidé de ne pas avouer à mes parents que j’étais comme ça. Je ne voulais pas leur faire du chagrin. Ma famille m’a forcé à me marier à ma petite nièce. Nos mères l’avaient prévu. La fille ne le voulait pas et moi non plus. Heureusement cela n’a pas eu lieu ».

« Je veux dire à la jeune génération d’homosexuels qu’ils doivent respecter les vieux. Je me remémore une vie heureuse. Je chéris mes meilleurs souvenirs d’une journée avec Kees. Nous avions loué une voiture et nous avions roulé toute la journée. Et personne ne voyait que nous étions comme ça ! Après ce massacre, pendant mes études et mon travail, j’étais membre de toutes sortes de clubs. J’ai été accepté sans souci. Non pas que j’aie dit comment j’étais. Mais je l’étais.  […] Donc mon conseil aux jeunes générations : dis-le simplement, ça soulage énormément. »

Ferry, 88 ans

«  Je n’ai pas craint de le dire à mes parents. Comment ? Tout simplement : je suis homosexuel. Ma mère a dit : c’est ton propre choix . D’ailleurs cela faisait longtemps qu’elle l’avait remarqué. Et mon père ? Ah, tant qu’il avait sa cigarette. C’était un homme tranquille, un maraîcher. Lui aussi était d’accord avec tout. Pourtant, j’ai moi-même eu du mal avec tout ça. Je me suis perdu. Je suis monté sur le toit et je me suis baladé nu comme une grenouille. La police m’a arrêté et m’a emmené à Santpoort. Plus tard, j’ai également séjourné à l’hôpital de Valerius et à l’hôpital de Harlem. Pourtant j’ai eu une vie riche et heureuse. À 25 ans, je suis parti vivre à Amsterdam et j’ai gagné ma vie en tant que danseur classique. J’ai aussi partagé ma vie avec Robert Long et je suis sorti avec Ramses Shaffy, des chanteurs connus de l’époque. Nous n’avions jamais entendu parlé du SIDA. C’était une époque fantastique.»

Martin, 74 ans

« Dans les années 70, j’ai fondé avec une amie sud-africaine, l’association Outsiders, un groupe de lesbiennes noires. Nous nous étions séparées du mouvement féministe blanc et du mouvement lesbien blanc car il y avait du racisme. Dans l’histoire, telle qu’elle est décrite, on trouve très peu d’information au sujet de l’activisme noir. Quand je lis des documentaires sur les années 70 et 80, je trouve désastreux que l’on ne parle que de mouvements féministes et lesbiens blancs. Nous existions aussi. Ce n’est que récemment qu’il y a eu un petit peu de changement, des jeunes écrivent désormais sur ce sujet ».

Gloria, 71 ans

« À l’école, les professeurs me trouvaient bizarre. . Ils disaient ; ne sois pas si efféminé. Ou alors : trouve-toi une fille. J’avais aussi des professeurs qui aimaient me toucher. Un jour, l’un d’entre eux m’a exclu du cours alors que je n’avais rien fait. On ne pouvait pas se mettre dans le couloir car, si le directeur nous voyait, on pouvait avoir des problèmes. Donc je suis allé aux toilettes. Le professeur est venu, s’est pressé contre moi et a commencé à me toucher. Il était tellement excité qu’il a éjaculé. Je n’avais même pas encore 18 ans. »

Vivian, 71 ans
 

« Mon mari est mon grand amour. Je suis veuf depuis 25 ans déjà et je n’ai jamais eu vraiment d’autres partenaires. C’était un homme bon. Nous avions une relation libre, mais il était clair que nous étions ensemble. Il avait un job normal, mais en soirée, il travaillait comme drag-queen. À l’époque, il était assez populaire. Malheureusement, son succès fut de courte durée, il maigrissait à vue d’œil. Alors, il s’est fait tester et il a été diagnostiqué. Je n’osais pas me faire tester, parce que je savais que je devais prendre soin de lui. Je ne voulais pas le savoir.

Même lorsqu’il était malade, il sortait en travesti et maquillé. Il était si maigre qu’il n’avait plus que la peau sur les os. « Pourquoi est-ce que tu continues ? » je lui ai demandé. Il m’a expliqué qu’il s’était fait beaucoup d’amis durant la période où il était drag-queen. Mais que maintenant qu’il souffrait du sida, plus personne ne voulait passer du temps avec lui. Lorsqu’il se déguisait, les langues se déliaient. Ce que je détestais aussi, c’était cette méchanceté entre homosexuels. Il n’y avait pas de compréhension. Il n’y avait que de la peur. »

Franck, 80 ans

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