Ville et homosexualités, exposition
- Dans les années 1970-1980, le féminisme a permis de déconstruire le point de vue masculin qui domine dans la recherche sur les géographies (et pas seulement), privilégiant l’angle des genres et non plus le point de vue «universel». Quelques décennies plus tard, des géographes questionnent dorénavant l’espace sous l’angle des orientations sexuelles et même des transidentités.
- L’historiographie, qui s’est longtemps désintéressée des «minorités» et des personnes opprimées montre que, dès le 18e siècle en France notamment, des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes se retrouvaient dans certains lieux de sociabilité publics ou semi-publics à Paris. À la fin du 19e siècle, une visibilité «homosexuelle» est attestée dans toutes les capitales occidentales. Paris, Berlin, Londres, New-York comptent un grand nombre de bars, restaurants, salles de spectacle, qui accueillent une population flamboyante et marginale, perçue par les autorités comme problématique, même dans un pays comme la France qui a pourtant dépénalisé l’homosexualité en 1791.
- L’hétéronormativité s’impose comme une évidence sur tout l’espace géographique, ce qui n’empêche pas les minorités de s’approprier une fraction de l’espace public, confrontées à des lois ou des codes sociaux stigmatisants, oppressifs, rendant toute expression visible difficile et potentiellement dangereuse.
- Cette «résistance» à l’invisibilisation des homosexuel.le.s et à l’homophobie institutionnelle ou privée qui l’accompagne, configure l’espace géographique de manière dynamique, en fonction des particularismes liés à la culture, au statut social et aux origines, mais également au genre des personnes concernées et enfin au rapport de force entre les «communautés». Les lesbiennes, par exemple, ont toujours été moins organisées, moins visibles et moins nombreuses à se manifester dans l’espace public. En tant que femmes, elles avaient moins de liberté, moins de revenus et une sexualité plus contrainte que les hommes, ce qui explique leur quasi effacement de la ville.
Exposition conçue par Guillaume Doizy pour Fier.e.s et queer à la demande de Jonathan Gaquère, professeur d'Histoire Géographie, présentée en avant-première au Lycée Henri Martin de Saint-Quentin de novembre 2023 à février 2024.
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