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Les passionné.es d’histoire queer liront avec curiosité ce petit opuscule, présent au catalogue des éditions GayKitschCamp. Il faut dire que les lesbiennes sont en général les grandes invisibilisées de l’Histoire homosexuelle, cet ouvrage de 1928 constituant un des premiers hommages qui leur ait été rendus. Néanmoins, il ne faut pas chercher dans ces pages une sociologie ou une histoire du lesbianisme telles qu’on pourrait les écrire aujourd’hui. L’autrice, Ruth Margarete Roellig, elle-même en couple avec une femme, décrit la vie lesbienne du Berlin et de l’Allemagne des années 1920 avec la distance d’une journaliste qui se garde d’être identifiée à son sujet, même si elle présente l’amour entre femmes comme une pratique normale. 
Ruth Margarete Roellig scinde son sujet en deux parties. La première évoque la vie des lesbiennes, leurs habitudes, leurs origines sociales, leurs codes, ce qui fait cette subculture homosexuelle, les « types » qui dominent, c’est à dire la lesbienne masculine et son alter ego féminine. La première fait les courses quand la seconde s’occupe des tâches domestiques. Cette typologie renvoie largement au modèle hétérocentré et on se demande s’il reflète une large réalité sociologique ou plutôt les stéréotypes dont l’autrice s’est elle-même nourrie. A plusieurs reprises, Roellig puise dans le sexisme hétéronormé ses « analyses » sur les femmes...
La deuxième partie de l’ouvrage décrit les lieux de rencontre tel.les que les clubs, les cabarets, tavernes ou autres salles de danse. L’autrice y détaille les ambiances, les personnalités, le ton, évoque régulièrement le penchant des lesbiennes pour la boisson ou leurs propos salaces.
Au-delà des clichés, c’est tout une vie homosexuelle féminine qui est dépeinte par cet ouvrage pionnier qui, à l’époque, a connu plusieurs rééditions. 
Dans la préface de l’ouvrage, le célèbre médecin Magnus Hirschfeld en appelle à la « compréhension et la tolérance » pour les homosexuel.les qui devraient avoir le même droit à l’existence que les hétérosexuels. 
L’ensemble est agrémenté de documents visuels d'époque par l'éditeur, une initiative tout à fait judicieuse.

Ruth Margarete Roellig , Femmes lesbiennes de Berlin (1928), 10 euros.

G.

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