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La Journée internationale de visibilité transgenre se déroule tous les 31 mars, avec diverses manifestations pour sensibiliser le public aux enjeux trans. Le journal « Le Monde » en a profité pour publier la tribune d’un collectif de professionnels de santé qui contestent les conclusions d’un récent « rapport » sénatorial LR, visant à interdire les traitements hormonaux et les bloqueurs de puberté pour les mineurs. 
Depuis quelques années, les droites plus ou moins extrêmes font de la transidentité un épouvantail politique capable de polariser leur électorat. Trump et les Républicains aux USA, Poutine en Russie, le RN et LR en France, dressent un tableau apocalyptique des soins apportés aux personnes trans, perçus comme la porte d’entrée d’une destruction de la « civilisation ». Rien de moins !
Arcboutés sur la binarité de genre et l’hétéronormativité, censées fonder les valeurs d’une société de l’ordre et de la morale, ces courants réactionnaires ciblent particulièrement les soins apportés aux mineurs, pour mieux cibler l’ensemble des personnes transgenres et au-delà, pour discréditer la communauté lgbt+.
Comme le rappellent les signataires de la tribune, il faut de longs mois avant que les services de santé, qui prennent en charge les enfants/ados dans le cadre d’équipes pluridisciplinaires, prescrivent des traitements visant à bloquer la puberté ou des hormones féminisantes/masculinisantes. Le nombre de jeunes pris.es en charge est infinitésimal (quelques centaines à Paris) et sur cet ensemble, quelques dizaines seulement sont concerné.es par les bloqueurs ou les hormones. L’âge moyen des quelques jeunes concerné.es étant de 13,9 ans pour celleux qui bénéficient des bloqueurs et plus de 16,9 pour les hormones. 
Pour les courants réactionnaires qui ciblent la transidentité, la société ferait face à un raz-de-marée, les associations « transactivistes » obligeraient des jeunes à transitionner, etc. Dans l’Aisne, ces inepties ont été relayées par l’association Parents Vigilants qui nous a ciblé.es en demandant au Rectorat d’interdire nos interventions dans les établissements scolaires, Parents Vigilants ayant reçu le soutien hallucinant du pseudo Centre LGBT de l’Aisne et de sa présidente Emma Lambert. 
On le sait, la politique se focalise parfois et même souvent sur des cas marginaux, au travers desquels un effet de généralisation et d’essentialisation permet de construire légendes, peurs et fantasmes. En créant en 2023 une association parlementaire visant les LGBT+, le RN ne voulait pas se laisser distancer par Zemmour et son combat contre le « lobby lgbt ». En publiant ce rapport sur les traitements accordés aux jeunes en questionnement, le parti Les Républicains cherche à se remettre dans la course du parti qui parviendra à capter l’électorat le plus réactionnaire.
Il ne faut pas oublier que la droite et l’extrême droite ont toujours été en concurrence sur le terrain de l’homophobie, du mépris envers les personnes atteintes du Sida, ou de la lutte contre le mariage homosexuel, sans oublier les droits des femmes. Aujourd’hui, tout cela étant en partie derrière nous, reste la transidentité, phénomène qui apparaît comme suffisamment nouveau pour servir d’épouvantail. 
La haine des droites envers les personnes trans crée un climat d’hostilité qui encourage dans la rue, dans les familles, à l’école et au travail, la progression des agressions verbales ou physiques et des discriminations, et pourrait aboutir au vote de lois visant à réduire les droits des personnes transgenres.
Raison de plus pour que nous poursuivions nos efforts de sensibilisation et d’information autour de ces questions, dans ou en dehors des établissements scolaires.

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